Troubles neurologiques des patients cirrhotiques admis en USI, encéphalopathie hépatique ou médicamenteuse ?
Position du problème
L'encéphalopathie hépatique (EH) est une complication fréquente du cirrhotique admis en réanimation. Cependant la valeur de l'ammoniémie peut être normale, ce qui remet en cause le diagnostic. De nombreux facteurs peuvent altérer la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique (BHE) chez ces patients: infection, traitement influant sur les pompes d'efflux de la BHE. Cette étude prospective visait à déterminer la prévalence de l'EH chez ces patients et d'en relever les facteurs étiologiques.
Méthode
Etude monocentrique prospective entre février 2015 et septembre 2016 portant sur tous les patients cirrhotiques admis en USI d'hépatologie. Réalisation d'une analyse univariée et multivariée dans le but dévaluer les associations entre: l'ammoniémie, la présence d'une infection, les prises médicamenteuses et l'EH.
Résultat
202 patients ont été inclus, à l'admission 42% avaient une ammoniémie élevée et 40% une infection évolutive. En univarié dans le groupe ammoniémie basse, la prise d'IPP, de quinolones et de béta lactamine étaient associé à une EH. En analyse multivariée l'amoniémie élevée, une infection évolutive et la prise de quinolones étaient associées significativement à la présence d'une EH.
Conclusion
Ces résultats suggèrent l'imputabilité des facteurs influant sur les pompes d'efflux de la BHE, notamment les médicaments, dans la physiopathologie de l'EH chez les cirrhotique, indépendamment de leur ammoniémie. Ceci souligne la nécessité d'évaluer soigneusement l'indication des traitement potentiellement neurotoxiques dans cette population à risque.
Mathilde Petiet