La re-colonisation microbienne intestinale après résection iléo-caecale (RIC) pour maladie de Crohn est différente chez les patients en rémission à 6 mois et chez ceux en récidive.

JFHOD 2014

Position du problème

La maladie de Crohn (MC) est une maladie multifactorielle caractérisée entre autres par une dysbiose. Après une RIC, une récidive précoce survient chez 70% des patients. 
Objectif : Déterminer l'impact de la RIC sur la structure et la composition du microbiote intestinal.

Méthode

Analyse chez 20 patients porteurs d'une MC iléale grave nécessitant une intervention chirurgicale de la composition du microbiote intestinal à partir d'échantillons de muqueuse iléale (sus- et sous-anastomotique) au moment de la RIC puis 6 mois après, et à partir d'une collecte de feces.

Résultat

Au moment de l'intervention, il existait une dysbiose caractérisée par l'abondance de Proteobactéria et de Bacilli. La structure de ce microbiote était "lâche", témoignant d'une faible stabilité.
Six mois plus tard, chez les patients en rémission, la re-colonisation s'est faite en faveur de bactéries commensales, réalisant un microbiote de structure cohésive doté d'une forte stabilité. Chez les patients en récidive, il existait une augmentation des proportions d'Enterococcus et de bactéries inhabituelles, réalisant un microbiote de structure peu cohésive à la stabilité incertaine. Chez ces même patients, la composition du microbiote était par ailleurs différente au niveau sus et sous-anastomotique alors que chez les patients en rémission, il se formait un continuum bactérien de part et d'autre de l'anastomose.

Conclusion

La RIC conduit à une modification de l'écosystème intestinal microbien. La re-colonisation bactérienne post-opératoire semble avoir un fort impact sur le devenir de la maladie et une continuité dans cette colonisation de part et d'autre de l'anastomose semble freiner la récidive. 
Le développement d'un microbiote synthétique composé d'espèces avec un fort degré d'inter-connectivitié et qui favoriserait la restauration de l'homéostasie intestinale pourrait être une piste intéressante. 

 

Auteur : S Mondot et al. CO 82 – Paris
Rédacteur :  Cyrielle Gilletta (Caen), Florian Poullenot (Bordeaux)