Impact d’un retard diagnostique sur l’évolution de la maladie de Crohn

JFHOD 2015

Position du problème

Le retard au diagnostic de maladie de Crohn est fréquent et serait associé à une évolution péjorative de la maladie, comme cela a été suggéré dans une cohorte suisse.

Méthode

Etude multicentrique effectuée chez des patients atteints de maladie de Crohn. Etaient recueillies prospectivement les caractéristiques de la maladie et les types de traitements.
Le délai diagnostique était calculé à partir des dates du diagnostic et des premiers symptômes. Un diagnostic tardif était défini par un délai au-delà du 75ème percentile. Les patients ayant un diagnostic tardif étaient comparés au patients ayant un diagnostic plus précoce pour le taux de chirurgie intestinale majeure première (hors proctologique), le taux de traitement par immunosuppresseurs et le taux de traitement par anti-TNF. L’analyse de la durée entre le diagnostic et la première chirurgie, le premier traitement anti-TNF, et le premier traitement par immunosuppresseur était effectuée.

Résultat

Les données de 497 patients ont été recueillies, le délai médian du diagnostic était de 5 mois; un diagnostic précoce correspondait à un délai < 2mois (n=122) et un diagnostic tardif à un délai > 13 mois (n=122). Le délai médian de suivi était de 9 ans. Les caractéristiques de la maladie de Crohn selon la classification de Montréal étaient les suivantes: 41,1% de localisation L1, 25,4% L2 et 32,3% L3; 58,1% de phénotype B1, 30,6% B2 et 11,3% B3. 29,8% des patients ont eu une chirurgie majeure. 67,5% recevaient ou avaient reçu des thiopurines, 18,2% recevaient ou avaient reçu du méthotrexate, ces chiffres étaient de 36,2% pour l’infliximab et 38,4% pour l’adalimumab.
Il n’existait pas de différence statistiquement significative entre les patients ayant un diagnostic tardif comparativement à ceux ayant un diagnostic plus précoce pour le phénotype, le traitement par immunosuppresseurs ou anti-TNF et le délai entre le diagnostic et l’initiation de ce traitement. En revanche, le délai entre le diagnostic et la première chirurgie était plus court chez les patients ayant un diagnostic tardif (p=0.05)

Conclusion

Les taux globaux de traitement par immunosuppresseurs et anti-TNF ne sont pas influencés par un retard diagnostique dans cette large cohorte de patients atteints de maladie de Crohn. En revanche, les patients avec un diagnostic tardif sont opérés plus précocément.

Clair Emeline