Les thiopurines ont bien encore leur place dans la maladie de Crohn !

JFHOD 2015

Position du problème

La place des thiopurines dans le traitement de la maladie de Crohn (MC) est aujourd’hui remise en cause en raison de l’efficacité des anti TNF.
Objectif de l’étude: mesurer l’utilité des thiopurines au cours de la MC en évaluant le devenir des patients intolérants à cette classe médicamenteuse (avant et après l’ère des anti TNF) et donc de préciser la perte de chance représentée par leur arrêt.

Méthode

Etude rétrospective sur le registre de patients MICISTA. Sur les 1285 patients atteints de MC ayant eu une 1ère prescription de thiopurines entre 1994 et 2006, les patients intolérants (arrêt définitif dans la 1ère année de prescription, 115 patients) ont été identifiés et appariés en 2 pour 1 aux patients d’un groupe contrôle (traités par thiopurines à la même date mais tolérants). Les patients ont été divisés en 2 cohortes calendaires, avant(1994-2000, n = 31) et après (2001-06, n = 84) l’arrivée des anti-TNF.
Le critère principal de jugement était le recours à une chirurgie intestinale.

Résultat

Le risque cumulé de chirurgie intestinale à 5 ans était de 27% chez les intolérants vs 22% chez les contrôles (p = 0.05). Le pourcentage d’années actives était de 40% chez les intolérants et 30% chez les contrôles (p<0.001). L’analyse des cohortes calendaires confirmait ces différences significatives au sein de la cohorte 1994-2000. Dans la cohorte 2001-2006, les intolérants avaient plus souvent une maladie active (38% vs 29%, p<0.001) mais le recours à la chirurgie n’était pas significativement différent (à 5 ans 22 vs 19%, p = 0.29)

Conclusion

Les patients intolérants précoces aux thiopurines ont une MC d’évolution plus sévère que ceux qui sont tolérants, traduisant la perte de chance que représente l’impossibilité d’utiliser ces traitements au cours de la MC. Les thiopurines gardent donc leur intérêt thérapeutique au cours de la MC.

Horaist, Clémence