Que faut il faire des anticoagulants et antiagrégants dans les hémorragies digestives hautes ?

Position du problème

Alors que l’arrêt des antithrombotiques (AT) est le plus souvent effectué dans les hémorragies digestives hautes, leur maintien ne serait pas un facteur de sur-risque de morbi-mortalité.

Méthode

Etude retrospective sur 18 mois. Patients hospitalisés pour suspicion d’hémorragie digestive haute à l’hôpital de Burmingham. Données cliniques collectées: morbi-mortalité, évenements thrombotiques et récidive du saignement. Exclusion: échec de l’hémostase, décès dans les <24h après l’endoscopie et soins de fin de vie. Patients stratifiés en 2 groupes: arrêt prolongé ou maintien (arrêt < 72h) des AT après l’hémorragie.

Résultat

132 patients ont été inclus dont 118 suivis jusqu’à la fin de l’étude. 43% prenaient de l’aspirine (AS) en monothérapie, 27% un anticoagulant (AC) 16% une double antiagrégation plaquettaire (DAP) et 10% du clopidogrel. Les AT étaient maintenus dans 51% des cas. Les facteurs prédictifs d’arrêt des AT étaient un âge avancé, la prise d’AS en monothérapie et une maladie ulcéreuse. A contrario, l’utilisation du clopidogrel et de warfarin pour une valve cardiaque mécanique étaient des facteurs prédictifs du maintien des AT.
Le suivi médian était de 286 jours. Le taux global de mortalité était de 22% dont 11% pendant l’hospitalisation. Le taux de récidive du saignement était de 8,2%.
La suppression du traitement AT apès l’endoscopie était associé à un sur-risque de complications thrombotiques (RR 5.5, p<0.001), à moins de risque de récidive hémorragique (RR 0.5, p=0.35), et une majoration de l’incidence des autres complications (RR 2.1, p=0.005).
L’arrêt de AS en monothérapie était noté dans 67% des cas sans sur-risque de complications thrombotiques (p=0.24) ou autres (p=0.15). Le clopidogrel était arreté dans 69% des cas, les AC dans 37% et les DAP dans 76%.
Cependant les accidents thrombotiques étaient plus importants à l’arrêt des AC (p=0.01) et dans le sous-groupe sans AS (p=0.002).

Conclusion

Le risque de mortalité lié aux hémorragies digestives hautes reste important. Chez les patients sous AT, un arrêt prolongé expose à des accidents thrombotiques graves qui doivent être pris en compte dans la gestion du patient.

Pommaret Elise, Hopital Saint Joseph, Paris