[Atelier 7] Proctologie pratique (2) – Quel est le coût d’un acte de proctologie pour le praticien ?

Chacun d’entre nous est par nécessité sensibilisé au problème posé quotidiennement par la gestion des charges professionnelles. De façon assez simple, une approche globale est réalisable à l’étude de l’annexe 2035 à la déclaration de revenus. Le but de ce travail est de déterminer le poids des charges par acte pour le colo-proctologue.

Matériel et méthode

Nous avons enquêté par courrier auprès de praticiens dont l’activité proctologique représente au moins 80 % de l’activité globale. Sur 16 questionnaires adressés, 14 sont revenus. Nous avons pu étudier ainsi les charges et l’activité de 11 proctologues, 5 en secteur 1, et 6 en secteur 2. Les questions posées concernaient l’activité et les charges pour l’exercice 2000.

Les activités de consultation et de bloc opératoire entraînant individuellement des charges différentes, il nous paraissait peu logique de leur affecter le même montant ou le même coefficient de charges. L’analyse précise des charges par type d’activité est certainement possible, mais complexe et peu applicable à une enquête. Nous avons donc basé nos calculs sur la linéarité des charges en fonction du temps de travail, l’unité de temps étant une vacation d’une demi-journée. Nous avons pu vérifier l’équivalence des charges entre une vacation de consultation et une vacation de bloc opératoire en analysant les données de notre cabinet : SCM de 3 proctologues en secteur 1, locataires de leur cabinet, opérant en clinique avec leurs aides, avec reversements.

Pour chacun des 11 praticiens, le montant total des charges était divisé par le nombre total de vacations, puis rapporté à chaque type d’activité. Le montant des charges par type d’activité était ensuite divisé par le nombre d’actes pour déterminer le coût par acte. Nous avons retenu les valeurs médianes pour chaque type d’acte.

Résultats

Pour les 11 proctologues, secteur 1 et 2 confondus, le poids des charges par acte est de :

  • 23,32 e par consultation, (extrêmes : 9,91 – 38,42 e)
  • 48,78 e par intervention, (extrêmes : 26,83 – 149,18 e)
  • 39,79 e par coloscopie (extrêmes : 21,34 – 89,18 e).

Les chiffres diffèrent en fonction du secteur d’activité, ainsi pour le secteur 1 :

  • 19,97 e par consultation, (extrêmes : 16,31 – 26,37 e)
  • 36,59 e par intervention, (extrêmes : 26,83 – 67,38 e)
  • 39,79 e par coloscopie, (extrêmes : 31,86 – 53,36 e),

et pour le secteur 2 :

  • 24,85 e par consultation, extrêmes : 9,91 – 38,42 e)
  • 62,96 e par intervention, (extrêmes : 37,65 – 148,49 e)
  • 41,54 e par coloscopie, (extrêmes : 21,50 – 89,18 e).

L’étude des charges par acte montre que celles-ci sont globalement plus faibles lorsque la vacation comporte un plus grand nombre d’actes.

Discussion

Le principal problème rencontré dans cette étude est le recrutement. Pour des raisons de simplicité, nous avons volontairement restreint l’envoi des questionnaires à des praticiens susceptibles de faire au moins 80 % de proctologie dans leur activité quotidienne, ceux-ci ne sont guère nombreux en France. Cette restriction rendait l’analyse des chiffres plus facile. Le taux de réponse est en revanche satisfaisant. Les chiffres obtenus sont particulièrement alarmants, surtout pour les praticiens en secteur 1. Alors que le CS est bloqué à 22,87 e (soit 150,00 FF) depuis plus de 8 ans, les charges par consultation sont de 19,97 e, la marge est pour le moins faible.

Les charges sont pour la plupart incompressibles. Les seuls postes sur lesquels le praticien peut avoir un peu de prise sont le matériel, et le personnel. Des économies dans ces domaines risquent de se faire au détriment du confort de travail. L’espoir de faire diminuer les charges en augmentant l’activité est malheureusement peu réaliste : la demande de soins n’est pas infinie, la concurrence et les contraintes liées à l’activité en clinique sont parfois rudes, le facteur temps reste très limitant.

Cette étude, qui doit en susciter d’autres, aidera peut-être les confrères amenés à prendre des décisions importantes pour l’orientation de leur activité gastro-entérologique  » avec ou sans proctologie médico-chirurgicale « . L’impact sur nos tutelles est plus hypothétique, mais il est permis de rêver.

L’auteur remercie les confrères et amis qui par leur participation à l’enquête ont permis la réalisation de ce travail .