Ponction sous échoendoscopie

Au cours de ces dix dernières années la ponction sous échoendoscopie (PSEE), technique permettant par as­piration à l'aiguille fine l'obtention de matériel pour analyse cytohistologique, a démontré son efficacité dans le dia­gnostic des masses péridigestives et trouvé ainsi rapidement sa place en cancérologie, dans tous les cas où une prise en charge thérapeutique optimale nécessite une certitude histologique (diagnostic de nature d'une masse ou extension métastatique d'une tumeur). En outre, la simplicité et l'innocuité de la technique, rendues possibles grâce à l'avènement d'appareils sectoriels linéaires, permettent de l'utiliser cha­que fois que les autres modalités de prélèvement (voie percutanée guidée par échographie ou scanner, ou abord chirurgical) sont difficiles voire im­possibles ou potentiellement dange­reuses. Ainsi est-il possible aujourd'hui de répondre concrètement aux ques­tions suivantes : dans quelles situa­tions faut-il proposer une ponction sous échoendoscopie ? Dans les indi­cations reconnues, quels sont les per­formances et l'impact de la technique sur le traitement ?

 

Dans quels cas doit-on proposer une ponction sous échoendoscopie ?

Il faut bien sûr que la lésion soit pé­ridigestive et facilement accessible à l'échoendoscope, dont la progression peut se faire jusqu'en D2 pour le tractus digestif proximal et au moins jusqu'à la charnière rectosigmoïdienne en ce qui concerne sa partie distale. Si tel est le cas, le geste se discute dans les situations suivantes :

 

» Diagnostic de nature d'une masse difficilement accessible ou inaccessible par voie percutanée

S'il s'agit d'une lésion manifestement maligne en imagerie conventionnelle (agressivité locorégionale) associée à des métastases à distance facilement accessibles à un prélèvement percu­tané (nodules sous-cutanés, adénopa­thies périphériques, métastases hépa­tiques) la PSEE n'a pas d'intérêt.

Dans les autres cas de lésions profondes sans cible périphérique associée, il faut discuter la PSSE chaque fois que l'ob-tention d'un diagnostic histologique précis est susceptible d'optimiser la thérapeutique :

  • si la masse est résécable et sans caractère compressif, il faut bien sûr trancher entre bénignité et malignité avant d'entreprendre un geste d'exérèse parfois lourd, avec une morbidité et une mortalité non négligeables. Les masses médiastinales et pancréatiques en sont la meilleure illustration, toute masse à ce niveau ne devant pas être considérée comme synonyme de cancer. En ce qui concerne le pancréas, il peut par exemple s'agir d'un foyer de pan­créatite au sein d'une pancréatite chronique calcifiante, ou encore d'un in­cidentalome comme le cystadénome ou la tumeur endocrine, enfin et beau­coup plus rarement d'une pancréatite pseudotumorale auto-immune ou à éosinophiles [1]. Si la masse pancréa­tique est résécable et compressive, la PSEE ne s'impose pas systématiquement et doit être discutée cas par cas (masse hypervasculaire associée ou non à un syndrome sécrétoire suggestif d'une nature endocrine ou masse à contours flous associée à de nombreux et volumineux ganglions locorégio­naux, évocatrice d'un lymphome) ;
  • si une tumeur est qualifiée de non résécable au vu des données d'ima-gerie, elle peut néanmoins bénéficier d'un traitement médical (radio- et/ou chimiothérapie) adapté à sa nature, seule condition pour espérer une ré­sécabilité seconde ou à défaut un gain de survie et de confort.
    C'est le cas de l'adénocarcinome pan­créatique, mais aussi de tumeurs ma­lignes plus rares (environ 15 % des cas), dont le traitement peut être radi­calement différent : carcinome endo­crine, lymphome, métastases syn­chrones ou métachrones de cancers notamment du rein, du sein et du poumon [1] ;
  • il peut s'agir d'adénopathies pro­fondes médiastinales, pédiculaires hépatiques ou cliomésentériques, dont les causes tant bénignes que malignes peuvent être extrêmement variées et les traitements tout autant [1, 2]. La PSEE peut apporter dans cette situation un diagnostic précis et orienter ainsi le traitement.
    Dans tous ces cas de figure, la voie échoendoscopique va offrir pour avan­tages [1, 2] :
  • une moindre agressivité que la chi­rurgie, qu'il s'agisse d'une médiasti­noscopie ou une thoracotomie explo­ratrice pour les masses du médiastin, mais aussi d'une laporotomie exploratrice dans le cas d'adénopathies c­liaques non accessibles à une biopsie guidée sous échographie percutanée ou scanner. Les complications sont mi­neures et peu fréquentes, observées pour l'essentiel lors des ponctions du pancréas et plus volontiers en cas de lésions kystiques [3, 4] ;
  • par rapport à la voie transcutanée: une plus grande sûreté du geste en cas de circulation collatérale, comme cela peut s'observer dans les thromboses du système veineux porte, mais aussi une probable réduction du risque d'essaimage pour les tumeurs pan­créatiques en raison de la brièveté du trajet transduodénal ou transgastrique [5]. Rappelons que ce risque théorique ne concerne en fait que les tumeurs de la région corporéo-caudale puisque, en cas de lésion céphalique résécable, le trajet de ponction est enlevé avec la duodénopancréactectomie.

 

» Diagnostic de nature d'une tumeur uniquement visible en échoendoscopie

Cette situation est loin d'être exceptionnelle puisqu'elle concerne :

  • 10 % des cancers du pancréas non visualisés de manière formelle par la scanographie spiralée en coupes fines centrées sur le pancréas. Ces cancers méconnus en radiologie convention­nelle de haute définition représentent jusqu'à 30 % des cancers de moins de 20 mm de diamètre, qui sont en prin­cipe ceux de meilleur pronostic après chirurgie [1]. Bien que ne présentant le plus souvent aucun critère de non résécabilité, ces lésions doivent être ponctionnées car il est aujourd'hui dé­raisonnable de proposer une pancréa­tectomie sur les seules données de l'imagerie, a fortiori si la lésion ne pré­sente aucun caractère compressif vis-à-vis de la voie biliaire principale ou du canal de Wirsung ;
  • les récidives sous-muqueuses anas­tomotiques représentées pour l'essen-tiel par les cancers rectaux. Dans ce cas, la récidive ne peut être que locale et sa confirmation par ponction biopsie implique une attitude thérapeutique agressive: radio- et/ou chimiothérapie, suivie le plus souvent d'une chirurgie mutilante.

 

» Bilan d'extension des cancers du tractus digestif

L'EE est susceptible de découvrir des lésions contre-indiquant une exérèse à visée curative, ces lésions ayant été ignorées par les autres techniques d'imagerie. Il peut s'agir de ganglions métastatiques à distance, de petits no­dules hépatiques sous capsulaires ou d'une carcinose péritonéale débutante avec minime lame d'ascite [6]. Dans ces différents cas, la PSEE est la seule méthode susceptible d'apporter la preuve de la malignité, et de modifier ainsi l'orientation thérapeutique.

 

Faisabilité, rendement et impact sur le traitement, pour les indications reconnues

» Bilan préthérapeutique des cancers du tube digestif

CANCER DE L ' SOPHAGE

Chez les patients ayant un cancer de l'sophage, la mise en évidence de ganglions métastatiques à distance de la tumeur, qu'il s'agisse de la région cliaque et de la région cervicale latéro-sophagienne pour toutes les localisations sur l'sophage, ou de la région sus aortique en cas de cancer du tiers inférieur, modifie de façon ma­jeure la prise en charge. S'il est pos­sible de réaliser un bilan d'extension précis à l'aide de la seule imagerie, l'EE offrant dans ce cas une précision de 70-80 %, la spécificité pour différen­cier des adénopathies malignes d'adé-nopathies inflammatoires reste faible (50 %). L'envahissement des ganglions doit donc être histologiquement prouvé afin d'offrir au patient une prise en charge thérapeutique optimale. En effet, en cas d'envahissement d'un gan­glion à distance, il s'agit de métastases, c'est-à-dire d'un statut M1 dans la clas­sification TNM, statut pour lequel la possibilité d'une chirurgie à visée cu­rative est exclue. Cette situation est le fait de 15 % environ des malades atteints d'un cancer de l'sophage et, jusqu'à présent, le diagnostic était fait grâce au prélèvement chirurgical des ganglions, que ce soit par cervicotomie, par laparotomie ou laparoscopie.

La PSEE présente dans ce cas l'avan-tage d'être moins invasive, même si, en cas de sténose tumorale infran­chissable (20 à 30 % des cas), la PSEE des adénopathies cliaques implique une dilatation oesophagienne préa­lable [7]. La PSEE permet en outre de réaliser des biopsies sur des ganglions de petite taille jusqu'à un diamètre limite de 5 mm. La sensibilité de la PSEE dans ce contexte est supérieure à 90 %, et sa spécificité de 100 % [8, 9]. L'impact du résultat de la PSEE des ganglions sur la modification de la stratégie thérapeutique, qu'il s'agisse de l'indication de traitement néoadjuvant (radiochimiothérapie), ou de l'abandon de la chirurgie, a été clairement dé­montré dans la littérature, que cette modification de choix thérapeutique soit le fait du médecin [8-10] ou du patient [11].

CANCER DE L ' ESTOMAC

L'impact de la PSEE dans les cancers de l'estomac est a priori faible, car ce cancer est un cancer chirurgical lors-qu'il n'est pas métastatique, et actuellement il n 'y a aucune recommandation concernant un traitement néo­adjuvant fondé sur l'extension gan­glionnaire. Le cancer du cardia est une exception à cette règle, car l'extension ganglionnaire médiastinale docu­mentée hitologiquement peut modi­fier l'étendue de l'exérèse, imposant un curage ganglionnaire par thoraco­tomie. La PSEE permet de biopsier sans grande difficulté des ganglions de la ré­gion sous-carénaire ou de la région latéro-aortique par voie transsopha­gienne. L'impact global de la PSEE est là aussi démontré [8, 9].

CANCER DU RECTUM

La PSEE ne semble pas augmenter de façon significative l'efficacité du sta­ging ganglionnaire (N) par rapport à l'EE seule [12]. En outre, elle n'a aucun impact sur l'indication de radiothé­rapie préopératoire pour les lésions des 2/3 inférieurs ayant une extension ex­trapariétale (T3 et T4), la radiothérapie s'imposant dans ces cas, quel que soit le stade N. La seule indication offrant un réel impact thérapeutique est celle des cancers T1 du bas rectum. Dans cette situation, une exérèse transanale ou une mucosectomie endoscopique peut être proposée, à condition qu'au-cune image d'adénopathie ne soit notée dans la graisse périrectale. Si cela n'est pas le cas, l'adénopathie doit être ponc­tionnée, quelle que soit sa taille, à condition que le trajet de l'aiguille ne traverse pas la tumeur primitive. En cas de malignité histologiquement prouvée, il faut alors opter pour la ré­section rectale avec ou sans préserva­tion sphinctérienne. Dans le cas d'une réponse négative, c'est l'analyse de la pièce de tumorectomie enlevée de façon conservatrice (en cas d' atteinte de la sous-muqueuse, le risque d'at-teinte ganglionnaire est de 10 à 15 %) qui déterminera la nécessité ou non d'un traitement complémentaire.

 

» Récidive après traitement des cancers du tube digestif

Le diagnostic d'une récidive locale doit être fait le plus précocement possible, afin d'espérer un traitement curatif. Cette situation est essentiellement le fait des cancers rectaux, les cancers sogastriques récidivant en général sur un mode métastatique. Le risque de récidive locale des cancers rectaux peut être évalué à environ 10 % avec les techniques chirurgicales récentes. La récidive sous-muqueuse d'un cancer du rectum peut n'être visible qu'en EE, ce qui peut inciter à proposer une sur­veillance EE rapprochée chez des pa­tients à haut risque de récidive locale (cancers T3 T4) pendant les deux pre­mières années. EE, scanographie et PSEE ont une sensibilité diagnostique égale (entre 85 et 95 %) pour le dia­gnostic de ces récidives locales, mais, en terme de spécificité, les perfor­mances de la PSEE sont nettement su­périeures ( 93 % contre respectivement 57 et 46 %) et l'impact de la technique sur la prise en charge thérapeutique des patients est là aussi démontré [13].

 

» Lésions pancréatiques

LES MASSES PANCRÉATIQUES SOLIDES

La faisabilité varie de 90 à 98 %. Pour le diagnostic d'adénocarcinome, la sen­sibilité de la méthode varie de 70 à plus de 90 %, la spécificité étant proche de 100 %. La valeur prédictive posi­tive pour la malignité est également proche de 100 %, mais la valeur pré­dictive négative varie de 25 à 85 % suivant les études [1]. Ceci est essen­tiellement dû à une différence de la prévalence des lésions bénignes dans les séries de patients étudiés. Si l'on peut conclure qu'une biopsie négative n'écarte pas le diagnostic d'adénocar-cinome pancréatique, la valeur d'une biopsie négative est différente selon la présentation clinique, l'âge et le sexe du patient. A titre d'exemple, chez une patiente de 70 ans, ayant un ictère isolé, une double sténose biliaire et pancréatique et une masse évidente à l'imagerie, la probabilité estimée avant la biopsie qu'il s'agisse d'un cancer est au moins de 90 %. Avec une sensibi­lité de l'ordre de 80 % et une spécifi­cité de 100 %, la patiente aura encore une probabilité de 64 % d'avoir un cancer du pancréas [1]. En revanche, chez un patient alcoolique chronique de 45 ans ayant une pancréatite chro­nique et une masse mal définie possi­blement fibro-inflammatoire, la pro­babilité avant ponction qu'il s'agisse d'un cancer du pancréas ne dépasse pas 50 % et, en cas de biopsie néga­tive, le risque que le patient ait effec­tivement un cancer est seulement de 17 %. Dans ce cas, les risques de la chirurgie d'exérèse doivent être évalués soigneusement: sur un terrain taré, le risque de laisser évoluer un cancer mé­connu devient inférieur au risque chi­rurgical, alors que chez un patient en bonne santé, le risque chirurgical est inférieur au risque de l'abstention. En cas de négativité du résultat et de risque chirurgical élevé lié au terrain et/ou à la topographie de la lésion (masse céphalique non compressive), il est possible de réaliser une nouvelle PSEE quelques semaines plus tard. Deux séries de biopsies négatives réa­lisées dans de bonnes conditions tech­niques sont alors des arguments forts contre le diagnostic de malignité.

L'impact de la PSEE sur le traitement peut se situer à différents niveaux :

  • diagnostic échoendoscopique de non résécabilité d'une tumeur qualifiée de résécable en imagerie conventionnelle de haute définition: l'échoendoscopie seule a permis la découverte de petits nodules hépatiques ou d'une ascite ou encore de ganglions métastatiques à distance, toutes lésions pour laquelle la PSEE peut apporter la preuve his­tologique de malignité ;
  • diagnostic de malignité d'une tu­meur résécable non vue en imagerie conventionnelle ;
  • diagnostic de nature d'un cancer lo­calement avancé pouvant correspondre à un adénocarcinome ou à un cancer plus rare (lymphome, cancer endocrine, métastase) dont la prise en charge peut être très différente(chimio- et/ou ra­diothérapie).

LES LÉSIONS KYSTIQUES

La PSEE va permettre de prélever du liquide pour analyse biochimique et d'obtenir du matériel pour examen cy­tologique à partir de la paroi ou des cloisons. Ces analyses vont permettre de différencier le cystadénome séreux sans risque évolutif des tumeurs kys­tiques ou kystisées à potentiel dégé­nératif ou déjà dégénérées [14] : cys­tadénome mucineux et cystadéno­carcinome, tumeur intracanalaire pa­pillaire et mucineuse (TIPMP), plus rarement tumeur solide pseudopapillaire et tumeur endocrine. L'abord échoen­doscopique est clairement plus effi­cace et moins dangereux que la ponc­tion transcutanée.

Faut-il pour autant proposer une PSEE devant toute lésion kystique du pancréas ? Non, car le taux de complication de la PSEE de lésions kystiques est significativement supérieur à celui de la PSEE de masses solides [3, 4] et le geste ne se conçoit que si son ré­sultat est susceptible d'affiner le dia­gnostic par rapport aux techniques d'imagerie. Ainsi n'est-il pas néces­saire de ponctionner les lésions suivantes :

  • celles survenant dans un contexte clinique, biologique, et radiographique évident de pancréatite, car le diagnostic de faux kyste, lésion kystique la plus fréquente, est dans ce cas fort pro­bable. Toutefois, s'il s'agit d'une pan­créatite en amont du kyste ou d'une lésion kystique associée à une dilata­tion du canal de Wirsung ou encore d'un kyste persistant, sans contexte de pancréatite chronique, l'hypothèse d'une tumeur mucineuse (cystadénome ou TIPMP) est fort probable et la PSEE peut permettre de redresser un dia­gnostic erroné de faux kyste ;
  • celles ayant un caractère compressifet/ou un aspect typique de néoplasie et paraissant résécable chez un patient opérable. Dans ce cas, la chirurgie s'im-pose d'emblée et la PSEE n'est pas un préalable indispensable à la décision thérapeutique ;
  • celles dont l'aspect est typique d'uncystadénome séreux dans sa forme multiloculaire et microkystique : lé­sions de moins de 3 cm composées uniquement de multiples petits kystes millimétriques et ayant un aspect alvéolaire ou en nid d'abeille.

Toutes les autres lésions doivent faire l'objet d'une PSEE, y compris le kyste uniloculaire de découverte fortuite, quelle que soit sa taille, car cette lésion peut correspondre aussi bien à un cys­tadénome séreux qu'à une tumeur à potentiel dégénératif [14].

 

» Les masses ganglionnaires péridigestives de nature imprécise

Il s'agit d'adénomégalies non associées à un cancer synchrone du tube digestif et découvertes en général soit de façon fortuite, soit dans le bilan de signes généraux. Leur siège est principale­ment médiastinal postérieur, mais par­fois cliaque ou plus rarement mé­sentérique ou pédiculaire hépatique. Même si l'aspect EE peut aider à dif­férencier bénignité et malignité, les critères proposés sont insuffisants et le diagnostic histologique fondamental tant les traitements peuvent être radi­calement différents [3]. Jusqu'à pré­sent, l'abord était essentiellement chi­rurgical. La médiastinoscopie cervicale est très performante pour le médiastin antérieur et supérieur, mais beaucoup moins pour le médiastin sous-caré-naire et la fenêtre aortico-pulmonaire, conduisant alors à la thoracotomie ex­ploratrice. La laparoscopie ou laparo­tomie étaient indiquées pour les gan­glions sous diaphragmatiques. La place de la ponction percutanée est très li­mitée dans ce type de situation, en raison du siège et de la taille des gan­glions. La PSEE a donc une place pri­vilégiée et ses performances ont été rapportées autant dans la discrimina­tion malignité-bénignité [3, 15] que dans le diagnostic précis d'affections bénignes, comme la tuberculose ou la sarcoïdose [15, 16], ou malignes, comme le lymphome ou les métastases de carcinome ou de tumeur endocrine [3, 15].

 

» Les tumeurs sous-muqueuses du tube digestif

Les tumeurs sous-muqueuses ont en général un aspect suffisamment ca­ractéristique pour se dispenser d'un acte dont la rentabilité diagnostique est réputée faible dans cette indication [3, 18]. Pour les tumeurs stromales, la sensibilité diagnostique de la ponction aspiration à l'aiguille fine est déce­vante. L'utilisation d'aiguilles à sec­tion (trucut) pourrait permettre l'ob-tention d'un fragment tissulaire de meilleure qualité autorisant des im­munomarquages et donc le diagnostic différentiel avec les rares cas d'au-thentiques léiomyomes ou schwan­nomes [18]. L'impact d'une telle diffé­renciation est actuellement probable­ment faible, sachant que :

  • dans l'sophage les tumeurs à cel­lules fusiformes sont en général des léiomyomes n'exprimant pas c-kit, et dont le potentiel évolutif est faible ;
  • dans l'estomac, les tumeurs stro­males sont les plus fréquentes et des critères EE prédictifs de potentiel malin ont déjà été établis par plusieurs études[19, 20] : diamètre > 3cm, né­crose centrale, contours mal limités, envahissement des organes de voisi­nage, zones kystiques intratumorales, adénopathies ;
  • dans le rectum, elles sont excep­tionnelles.

 

» Gastropathie à gros plis

Comme pour les tumeurs sous mu­queuses, l'association de biopsies per­endoscopiques et de l'aspect échoen­doscopique des lésions est habituel­lement suffisante pour différencier une gastropathie hypertrophique bénigne d'une gastropathie maligne. Dans ce dernier sous-groupe, les résultats de la PSEE sont médiocres et probablement inférieurs à ceux d'une macrobiopsie à l'anse diathermique [1]. Sauf cas par­ticulier, il n'y a donc pas d'indication dans ce cadre.

 

RÉFÉRENCES

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