CHC et VHC : pas de jaloux, on traite tout !

Position du problème

La réponse virologique soutenue (RVS) améliore la fonction hépatique et les taux de survie chez les patients ayant une hépatite C chronique (VHC) et un carcinome hépatocellulaire (CHC). Cependant, peu de données permettent de choisir le bon moment d’administration des antiviraux à action directe (AAD) et s'il est utile dans les formes avancées de CHC. L'objectif de l'étude était de fournir des données de vie réelle sur la RVS et la survie globale (SG) en cas de CHC lié au VHC traités par AAD.

Méthode

Cette étude de cohorte monocentrique rétrospective a inclus des patients avec une infection VHC chronique avec un antécédent de CHC antérieur à 2015, ou, un CHC actif entre janvier 2015 et 2020 ayant eu un suivi jusqu'au décès, transplantation hépatique ou jusqu'en avril 2022 en l'absence d'évènement. L'objectif principal était de comparer les taux de RVS dans les deux groupes de CHC, avec un objectif secondaire de mesure de la SG.

Résultat

Sur 98 inclus, 83% des CHC étaient actifs lors du traitement par AAD (délai médian début ADD - diagnostic du CHC 1 mois), dont 85% sur cirrhose compensée. 52% ont eu un traitement curatif du CHC (BCLC0/A 82%). Le taux global de RVS était de 82%, diminué à 79% en cas de CHC actif. La présence d'un CHC actif à la prise d'AAD (HR=5,46; p= 0,024) et de plus d'un nodule de CHC (HR=2,19; p=0,029) étaient les 2 facteurs associés à l'échec de RVS. La SG était meilleure en cas de RVS (médiane=130 m), indépendamment du moment de début des AAD, du stade tumoral (BCLC) et des modalités thérapeutiques.

Conclusion

Traiter le VHC en cas de CHC actif est faisable avec des taux de RVS acceptable. Une survie globale plus élevée était observée en cas de RVS, indépendamment du stade tumoral ou des modalités de traitement anti tumoral. L'obtention d'une RVS peut améliorer la fonction hépatique de patients décompensés, les rendant possiblement éligibles à un traitement oncologique. Aussi les AAD devraient être discutés même en situation avancée.

Maeva SALIMON, Nantes