Position du problème

Le traitement par anti-EGFR est un élément clef du panel thérapeutique dans le cancer colorectal métastatique (CCRm) RAS non muté (RASnm). Néanmoins, la résistance à ce traitement survient lors de l'émergence de clones RAS mutés au cours de son utilisation. En réintroduisant l'anti EGFR ultérieurement lors de la diminution quantitative de ces clones, la sensibilité au traitement peut être restaurée, et l'ADN tumoral circulant (ADNtc) pourrait être un outil guidant cette stratégie.

Méthode

L'étude RASINTRO est une étude multicentrique française ayant inclus 62 patients atteints d'un CCRm RAS/BRAF nm ayant reçu un rechallenge des anti EGFR seul (66%) ou en association avec une chimiothérapie. L'étude du profil mutationnel était analysé rétrospectivement sur le plasma via l'ADNtc au moment du rechallenge. L'objectif était d'évaluer la survie sans progression (SSP) en fonction du statut RAS/BRAF sur l'ADNtc. Les objectifs secondaires était la SG et le taux de réponse objectif (TRO), ainsi que la survie en fonction de la variation précoce de la concentration de l'ADNtc.

Résultat

Au moment du rechallenge, le statut RAS/BRASwt était significativement associé à une meilleure SSP (3,3 vs 1,9 mois; p<0,05) et SG (7,9 vs 4,9 mois; p 50% de l'ADNct entre C1 et C2 et/ou C3. Il n'y avait pas de différence significative de TRO avec tout de même une tendance en faveur du groupe non muté (10 vs 0%, p=NS). Ce taux reste faible probablement expliqué par le nombre de lignes de chimiothérapie antérieures.

Conclusion

Le profil mutationnel RAS/BRASwt sur l'ADNtc semble prédire une meilleure survie pour le rechallenge des anti-EGFR, ainsi que la variation précoce de l'ADNtc. L'ADNtc pourrait donc être un outil bientôt intégré dans nos pratiques pour sélectionner les patients qui bénéficieraient le plus au rechallenge des anti EGFR dans le CCRm. Les études randomisées (notamment l'essai de phase III FIRE.4) devront confirmer ces résultats et déterminer la place la plus appropriée (L3 ou au-delà) du rechallenge des anti-EGFR.