Position du problème

Le côlon est le 2e organe le plus fréquemment touché par l’immuno-toxicité (35% de diarrhée sous CTLA4) après la peau, et le 1er le plus fréquemment touché par une toxicité de grade élevé. De plus en plus d'études suggèrent que la transplantation fécale, mais aussi les antibiotiques et les pré-probiotiques, peuvent représenter une thérapeutique prometteuse pour la diarrhée et la colite associées à l'immunothérapie. Le but de l'étude est donc d'évaluer si la modulation du microbiote intestinale peut être une stratégie efficace dans le traitement de ces effets secondaires.

Méthode

Etude de cohorte prospective réalisée de janvier 2023 à janvier 2024 sur 19 patients ( moyenne d'âge 54 ans, cancer du sein 54%). Tous les patients ont été évalués cliniquement et traités après que l'oncologue ait posé le diagnostic en fonction d'un score de sévérité (G1 : pré-probiotiques + Rifaximine, G2 : Budésonide + même que G1, G3 : Corticoïdes oraux avec interruption du traitement pour G2 et G3) puis suivis pendant au moins 4 semaines. La transplantation de microbiote fécal (TMF) avait lieu quand la colite était réfractaire aux traitements.

Résultat

Sur 19 patients (12 Pembrolizumab, 2 Atezolizumab, 1 Trastuzumab, 1 Nivolumab, 1 Mogamulizumab, 1 Cemiplimab, 1 Ipilimumab) : 21% ont présenté une diarrhée de type G1, 37 % de type G2 et 42 % de type G3. 63% patients ont dû interrompre leur immunothérapie en raison de la diarrhée. Des probiotiques ont été administrés à 59% patients, de la Rifaximine à 35%. Les corticoïdes ont été nécessaires chez 59% des patients. Après 4 semaines de suivi, la diarrhée avait disparu chez 94 % des patients mais 1 patient sur 2 ont dû interrompre leur traitement oncologique. 2 patients avec une colite réfractaire aux stéroïdes , ont pu être traités efficacement par TMF et poursuivre leur immunothérapie.

Conclusion

Une approche basée sur la modulation du microbiote intestinal peut être une stratégie efficace pour traiter la diarrhée et la colite liées à l'immunothérapie, et peut potentiellement réduire le besoin de stéroïdes. Néanmoins ces résultats préliminaires devront être confirmés par des études comparatives, avec des données plus solides notamment avec une preuve de colite confirmée par des biopsies en endoscopie.