De l’adjuvant dans le CHC, enfin un essai positif… à transformer !
Position du problème
Le taux de récidive après résection ou ablation d'un carcinome hépatocellulaire (CHC) est élevé: 63% à 5 ans. A ce jour, aucune étude évaluant un traitement adjuvant n'a été positive. La combinaison atézolizumab-bevacizumab (A-B) s'est imposée en première ligne de traitement du CHC avancé avec un net bénéfice de survie. Aussi, l'évaluation de cette combinaison en situation adjuvante après traitement à visée curative était très attendue.
Méthode
IMbrave 050 (essai de phase 3, randomisé, en ouvert et multicentrique) a inclus des patients traités pour un CHC avec critères de mauvais pronostic après résection (tumeur >5cm, invasion micro-vasculaire ou macro- maximum VP1-2, faible différenciation, tumeurs multifocales) ou ablation (1 tumeur >2 mais ≤5 cm, ou max 4 nodules tous ≤5cm), et randomisés en deux bras: traitement par A-B (pendant 1 an ou 17 cycles) vs surveillance active.
Résultat
668 pts (>80% d’origine asiatique et étiologie virale) ont été inclus. L’analyse intermédiaire est positive: survie sans récidive (SSR) à 1 an de 78% vs 65%, HR 0,72 (IC 95% : 0,56-0,93 ; p=0,012) après un suivi de 17,4 mois. Les courbes se rejoignaient ensuite avant 2 ans de suivi. Les données de survie globale non matures n'étaient pas présentées. Des effets secondaires de grade 3-4 étaient vus chez 41% des patients (A-B) vs 13% (surveillance). Les données de qualité de vie étaient satisfaisantes: amélioration dans le bras surveillance vs stabilisation dans le bras de traitement par A-B.
Conclusion
Il s’agit de la première étude positive en adjuvant après traitement du CHC par résection ou ablation. L’aspect des courbes de survie sans récidive, se rejoignant à 2 ans, pose la question d’un simple report de la récidive et interroge sur la balance bénéfice-risque de cette stratégie. Des données à plus long terme, de même que les données de survie et en population non asiatique avec hépatopathies non virales sont nécessaires pour confirmer la pertinence de cette stratégie adjuvante en France.
Maëva SALIMON, Nantes