Essai CAMARO : donne-moi ton mycophénolate mofétil, mais pas de bébé !

Position du problème

Le schéma thérapeutique classique recommandé dans les hépatites auto-immunes (HAI) est l'association de corticoïdes (CTC) et d'azathioprine (AZA). Dans 15 % des cas, l'AZA est arrêté pour effets secondaires (ES). Certaines études non contrôlées suggèrent une efficacité du mycophénolate mofétil (MMF) et une meilleure tolérance. Le but de l'étude était d'évaluer le traitement par MMF en 1ère ligne par rapport à l'AZA, associés aux CTC, chez des patients avec HAI naïfs de traitement.

Méthode

Une étude de supériorité, prospective, en ouvert, multicentrique, a été menée en intention de traiter. Les CTC étaient débutés à 40 ou 60 mg/j, avec, ensuite, une décroissance progressive jusqu'à 5 mg/j. A 4 semaines, les patients étaient randomisés (1:1) entre MMF et AZA. Le critère de jugement principal était la rémission biologique à 24 semaines, définie par des ALAT et des IgG normaux. Les critères secondaires étaient la tolérance et la durée jusqu'à la rémission.

Résultat

Parmi 70 ans patients inclus, 72,9% étaient des femmes et l'âge moyen était de 57,9 ans. La rémission biologique à 24 semaines était significativement plus fréquente sous MMF avec 56,4% des patients versus 29% dans le bras AZA (p=0,022). Aucun ES sévère n'était recensé sous MMF. Le taux d'arrêt de traitement pour ES était supérieur dans le groupe AZA en comparaison au MMF (25.8% vs. 5.1% resp., p=0,018). Il n'y avait pas de différence de dose cumulative de CTC entre les 2 groupes.

Conclusion

Dans ce premier essai prospectif et randomisé, le mycophénolate mofétil est supérieur à l'azathioprine en terme d'efficacité et de tolérance dans l'induction d'une rémission chez les patients avec hépatite auto-immune naïfs de traitement en association avec une corticothérapie . Toutefois, l'âge de la population étudiée dans cet essai est élevé et à prendre en considération avant d'extrapoler ces données et de donner à nos patientes, souvent en âge de procréer, une molécule tératogène.

Jade MALAT, Valenciennes