Naltrexone pour le maintien de l’abstinence chez les patients cirrhotiques : c’est sans risque !
Position du problème
La poursuite d'une consommation d'alcool est le principal facteur pronostic péjoratif dans la maladie alcoolique du foie. Cependant, aucune molécule n'est aujourd'hui recommandée par la FDA dans le cadre de troubles de l'usage de l'alcool (TUA) chez les patients avec hépatopathie chronique avancée. Cette étude a pour but d'évaluer l'efficacité et la tolérance de la Naltrexone (Nx) chez les patients ayant une cirrhose liée à l'alcool.
Méthode
Il s'agit d'une étude monocentrique, randomisée contre placebo, en double aveugle, chez 100 patients ayant une cirrhose compensée et un TUA défini selon le DSM-5. L'objectif principal était le nombre de patients ayant acquis et maintenu une abstinence à 12 semaines. Les objectifs secondaires étaient le maintien de l'abstinence à 6 et 12 mois, les effets indésirables, les consommations ponctuelles et les rechutes définies par une consommation de plus de 4 verres par mois.
Résultat
Les patients du groupe Nx étaient significativement plus fréquemment abstinents à la semaine 12, soit 64% versus 22% dans le groupe placebo (p<0,001). Cette abstinence était maintenue à hauteur de 22% dans le groupe Nx et 8% pour le placebo au 6ème mois sans différence significative (p=0,09). Les consommations ponctuelles étaient moins nombreuses dans le groupe Nx (p=0,01) ainsi que les rechutes (28% vs 12% resp., p=0,07). Les scores de craving (OCDS-O et OCDS-C) étaient moins élevés dans le groupe Nx (p<0,01). Les effets indésirables étaient comparables dans les 2 groupes.
Conclusion
La Naltrexone peut être proposée sans risque aux patients avec cirrhose compensée avec une bonne efficacité pour le maintien d'une abstinence à trois mois. Ces résultats doivent cependant être confirmés par une étude avec de plus grands effectifs, avec des données d'efficacité à plus long terme et une comparaison à d'autres traitements médicamenteux du maintien de l'abstinence disponibles chez le cirrhotiques comme le baclofène et l'acamprosate.
Jade MALAT, Valenciennes