La transplantation de microbiote fécal: l’arme fatale dans la prévention de l’encéphalopathie récidivante?
Position du problème
L’encéphalopathie hépatique (EH) demeure un fardeau tant pour les patients et leurs familles que pour le système de santé, particulièrement en raison des récidives et des hospitalisations itératives. Il existe dorénavant des données suggérant une efficacité de la transplantation de microbiote fécal (TMF) dans le traitement de l’EH du patient cirrhotique. L’objectif de l’étude était de déterminer l'impact de différentes doses et voies d’administration de TMF chez des patients cirrhotiques déjà traités par lactulose et rifaximine.
Méthode
Il s’agit d’un essai randomisé en double aveugle, contre placebo, incluant des patients avec une cirrhose et un MELD < 22. 4 groupes (15 patients/groupe) étaient réalisés en fonction du mode d’administration de la TMF : groupe 1 : capsule orale active de TMF + lavement actif de TMF, groupe 2 : capsule orale active de TMF + lavement placebo, groupe 3 : capsule orale de placebo + lavement actif de TMF, groupe 4 : capsule orale et lavement de placebo. Le critère de jugement principal était la tolérance notamment la récidive de l'EH à 6 mois > ou = grade 2 selon les critères de WEST-HAVEN.
Résultat
Le taux de récidive de l’encéphalopathie hépatique était significativement plus faible dans les groupes 1 (13%), 2 (13%) et 3 (3%), pris séparément ou en un seul et même groupe, en comparaison au groupe 4 (placebo 40%) (p=0.03). Il n’y avait aucune différence entre les groupes concernant la mortalité (p = 1.0), la survenue d’évènements hépatiques (p = 0.17) ou d’hospitalisations (p = 0.96). Chez les patients ayant reçus la TMF, ni la dose ni la voie d'administration, ni le type de donneur, n'affectaient la récidive de l'EH.
Conclusion
Dans cette essai contrôlé randomisé en double aveugle, la tolérance de la TMF (en lavement ou par voie orale) chez des patients avec une cirrhose déjà traités par Rifaximine + Lactulose était excellente et permettait une diminution des récidives d’encéphalopathie hépatique par rapport au placebo.
Baptiste GIGUET