MYR 204 : le bulevirtide c’est bien, avec l’interféron, c’est mieux !
Position du problème
La co-infection par les virus B/delta (VHB/D) demeure la plus sévère des hépatites virales. Le traitement de référence par interféron pégylé (PegIFN) permet 20% de réponse virologique complète (ARN VHD indétectable), mais les rechutes son fréquentes. Le Bulevirtide (BLV) 2mg a l'AMM en France dans le traitement du VHD chez des patients avec maladie chronique du foie compensée, en échec ou intolérance du PegIFN. L’objectif de l’étude était d’évaluer l’efficacité et la sécurité du BLV en association avec le PegIFN chez des patients atteints d’HCD, à 48 semaines (48S) après la fin du traitement.
Méthode
174 patients atteints d'HCD ont été randomisés et stratifiés en fonction de la présence ou non d'une cirrhose compensée en 4 bras : (A) PegIFN pendant 48 semaines (48S), (B) BLV 2 mg + PegIFN 48S, (C) BLV 10 mg + PegIFN pendant 48S suivi de 48S de monothérapie avec BLV 2 mg ou 10 mg respectivement ; ou (D) BLV 10 mg pendant 96S. Tous les patients ont été suivis jusqu'à 48S après la fin de l'essai clinique. Le critère d'évaluation principal était la proportion de patients ayant un ARN VHD indétectable à 24S et 48S post traitement, avec une analyse comparative prédéfinie entre les bras C et D.
Résultat
Les caractéristiques étaient similaires entre les groupes : âge médian de 41 ans, essentiellement des hommes (71%) dont 34% avec une cirrhose compensée. L’ARN VHD était de 5,3 log10 UI/mL et l’ALAT à 114UI/L. 48% des patients étaient traités par des analogues de nucléos(t)ide et 48% avaient déjà reçu de l’interféron. A 24S post traitement, l’ARN VHD était indétectable chez 17 % des patients (4/24) du bras A, 32 % (16/50) du bras B, 46 % (23/50) du bras C et 12 % (6/50) du bras D (bras C vs D, p = 0,0003). A 48S post traitement, 46% (23/50) des patient dans le groupe BLV 10mg + PegIFNs restaient avec un ARN VHD indétectable.
Conclusion
L'association du BLV 10 mg + PegIFN 48S puis BLV 48S permet une réponse virologique (ARN VHD indétectable) à S24 et maintenue à S48 chez pratiquement un patient sur deux, supérieure au traitement de référence 48 semaines par PegIFN, au bulevirtide seul ou à la combothérapie selon le même schéma PegINF/ BLV 2mg. Cette combinaison offre un traitement à durée déterminée de 96 semaines pour les patients atteints d’HDV et un nouvel espoir de guérison de cette infection. Ces bons résultats devront être confirmés par un suivi à plus long terme.
Baptiste GIGUET, Rennes