Pronostic à long-terme après une chirurgie précoce au cours de la maladie de Crohn

Position du problème

L'étude LYR!C a replacé la chirurgie précoce comme une alternative aux biothérapies au cours de la maladie de Crohn iléocolique non compliquée. Cependant, le pronostic à long terme d'une prise en charge chirurgicale précoce pour une complication sténosante ou fistulisante est mal défini.

Méthode

Il s'agit d'une étude rétrospective bi-centrique française ayant inclus l'ensemble des patients porteurs d'une MC opérés d'une résection iléo-caecale et/ou iléale entre 2001 et 2015. 3 groupes ont été comparés : chirurgie dans les 6 mois (bras A), 6 à 24 mois (bras B) et 24 à 60 mois après le diagnostic (bras C). L'objectif principal était de comparer la survie sans 2ème chirurgie. La survie sans exposition à une biothérapie était également étudiée.

Résultat

404 patients ont été inclus (suivi médian de 9 ans) : 130 bras A, 138 bras B, 136 bras C. Le bras A comprenait plus de complication fistulisante (65,4 (A) vs 43,1 (B) et 42,6% (C). Il n'y avait pas de différence significative entre les groupes en termes de survie sans 2ème chirurgie. La chirurgie précoce (A) était associé à un plus faible risque d'introduction de biothérapie (vs B p=0,11/C p=0,0016). L'exposition préopératoire à un anti-TNF (HR 2,61) et la résection iléale segmentaire (HR 2,26) étaient associés à un plus fort risque de 2ème chirurgie au cours du suivi.

Conclusion

La réalisation de ce travail au sein de 2 centres de référence tertiaires et le caractère rétrospectif de l'étude limite la généralisation de ces résultats. Toutefois, il suggère que la réalisation d'une résection chirurgicale précoce n'est pas prédictive d'une évolution péjorative à long terme pour le risque de 2ème chirurgie et qu'elle pourrait retarder l'introduction d'un anti TNF au cours du suivi.

Dr Guillaume Le Cosquer (Toulouse)