Risque de complications néphrologiques et MICI

Position du problème

La fréquence des manifestations uro-néphrologiques dans les MICI (maladies rénales chroniques (MRC) satellites de la MICI (glomérulonéphrites à IgA, amylose AA, lithiases rénales oxaliques) ou de complications iatrogènes (néphropathies tubulo-intersitielles aux 5-ASA) est mal définie (4 à 23% selon les études). L'objectif était de comparer le risque de survenue d'une atteinte rénale chez les patients qui développent une MICI et les patients sans MICI sur une période de10 ans.

Méthode

Il s'agit d'un travail observationnel rétrospectif Suédois. Les critères d'inclusions étaient : âge > 10 ans, absence MRC et de MICI, estimation du débit de filtration glomérulaire (DFG) entre 2006 et 2018. L'association entre le diagnostic de MICI et le risque d'événement néphrologique (MRC, insuffisance rénale aigue (IRA), baisse du DFG de 30%) a été estimé en termes de risque absolu à 5 et 10 ans et de risque relatif comparé à un groupe contrôle sans MICI.

Résultat

1 682 795 inclusions, dont 10 117 ont développé une MICI (suivi médian 9 ans). Le risque absolu après 10 ans d'évolution était de 11,8% d'événement néphrologique (6.4% de MRC, 11,4% de réduction du DFG, 3.6% d'IRA, 5.6% de lithiase, 0.2% d'amylose). Le diagnostic de MICI était associé à un surrisque d'évènement néphrologique (HR 1,25), et plus spécifiquement de MRC (HR 1,24), d'IRA (HR 1,97) et de baisse du DFG (HR 1,11). L'analyse des dossiers a révélé que la moitié des évènements néphrologiques n'étaient pas diagnostiqués (absence de codage CIM10).

Conclusion

Un patient sur dix présentera une complication néphrologique après 10 ans d'évolution de sa MICI. L''incidence et le sous-diagnostic de ces atteintes justifient un suivi régulier et systématique de la fonction rénale (créatinine et DFG). La baisse du DFG doit faire adresser rapidement le patient à un néphrologue pour la suite de la prise en charge.

Dr Guillaume Le Cosquer (Toulouse)