Faut-il réaliser une calprotectine fécale pour dépister une MICI chez les patients atteints de rhumatismes inflammatoires ?
Position du problème
L'association des MICI et des rhumatismes inflammatoires est fréquente. Cependant la prévalence exacte de de patients atteints de rhumatismes inflammatoires présentant une MICI non diagnostiquée est mal connue. Le but de l'étude EISER était de déterminer la prévalence de MICI non diagnostiquée chez des patients atteints de Spondylarthrite ankylosante axial (SpA) et de rhumatisme psoriasique (RP).
Méthode
Il s'agissait d'une étude observationnelle, menée dans 13 centres espagnols. Les patients sous biothérapie ou corticoïdes systémiques étaient exclus. Tous les patients avaient un dosage de calprotectine fécale (CF) suivi d'une consultation avec un gastroentérologue. Si la CF >= 80 µg/g sans AINS ou >= 160 µg/g en cas de prise d'AINS, les malades avaient une coloscopie. Les patients avec une CF < 80 µg/g ne réalisaient pas de coloscopie.
Résultat
Parmi les 559 patients inclus, 40% avaient une CF >= 80 µg/g. En analyse multivariée, les facteurs associés à un risque plus important de CF >= 80 µg/g étaient la durée et l'activité de la maladie rhumatologique. Sur toute la cohorte, 28 patients étaient diagnostiqués d'une MICI, avec une prévalence globale de 5,7%. 22 des 248 (8,9%) patients avec une SpA avaient une MICI et 6 des 246 (2,4%) patients atteints de RP avaient une MICI. L'aire sous la courbe de la CF pour le diagnostic de MICI était de 0,87 (p<0,001, IC95% 83,7-89,9).
Conclusion
5,7% des patients atteints de SpA avaient une MICI non diagnostiquée, chez des malades avec une CF >= 80 µg/g, sans biothérapie et sans corticoïdes. Cette prévalence était plus importante pour la SpA que pour le RP. La valeur discriminante de la CF pour le diagnostic de MICI était de 147 µg/g. Il est important de noter qu'il s'agissait de patients avec des maladies rhumatismales anciennes avec en moyenne des maladies évoluant depuis environ dix ans.
Nathan GRELLIER, Poitiers