La rémission histologique dans la maladie de Crohn iléale prévient-elle le risque de rechute ?
Position du problème
La rémission profonde incluant la rémission clinique biologique et endoscopique est devenue un objectif dans la prise en charge de la maladie de Crohn. La rémission histologique (RH) dans cette maladie n’a pas été prouvée comme facteur de prévention de la rechute. Le but de cette étude était d’évaluer l’impact de l’activité histologique dans le risque de rechute dans la MC chez des patients en rémission clinique et endoscopique et d’évaluer la corrélation entre l’histologie et les biomarqueurs.
Méthode
Tous les patients de l’étude STORI étaient éligibles pour l’inclusion. Un dosage de la calprotectine et une coloscopie avec calcul du score CDEIS étaient réalisées à l’inclusion. Deux biopsies étaient réalisées dans la zone la plus malade ou dans la zone précédemment atteinte en cas de cicatrisation muqueuse (CM). La CM était définie par l'absence d'ulcères. Les scores histologiques de Robarts, Geobes, Nancy et CDA-IBD ont été utilisés. La rechute clinique était évaluée par le CDAI.
Résultat
80 biopsies étaient analysables issues de 76/115 patients inclus dans STORI. Parmi les biopsies coliques, 68% étaient en RH selon le score de Nancy et Geboes et 71% selon le score de Robarts. Parmi les biopsies iléales 53% étaient en RH selon Nancy, 47% selon Geboes et 68% selon Robarts. 35 patients (46%) ont présentés une rechute durant le suivi dont 16/45 (36%) et 19/31 (61%) dans le groupe CM et sans CM. La rémission histologique n'était pas prédictive du risque de rechute. Le CDEIS et la calproctectine fécale étaient corrélés aux scores histologiques Nancy, Robarts et Geboes.
Conclusion
Bien que corrélée aux données endoscopiques et aux biomarqueurs, la rémission histologique n'était pas corrélée au risque de rechute dans la MC en rémission clinique et endoscopique. Ces résultats sont en faveur de l’intérêt de la calprotectine fécale pour prédire le risque de rechute contrairement à l'histologie qui peut être faussée pour un biais d'échantillonnage.
Nicolas PETITDIDIER, Créteil