Maladie de Crohn : taper fort et vite oui mais sans biomarqueurs !
Position du problème
Deux stratégies thérapeutiques existent dans la maladie de Crohn (MC), la stratégie du Step-up et du Top-down qui consiste à débuter un traitement majeur d’emblée. Par ailleurs, la signature transcriptionnelle des lymphocytes T est un biomarqueur supposé capable de prédire la réponse thérapeutique de la MC. L’objectif de l’étude PROFILE est de comparer l'efficacité d'une stratégie Top-down à une stratégie de Step-up au diagnostic de la MC et d évaluer la valeur de ce biomarqueur.
Méthode
Il s’agit d’une étude contrôlée randomisée, stratifiée selon la présence du biomarqueur et comparant une stratégie Top-down (combothérapie avec IFX) à une stratégie Step-up. Les patients inclus avaient une MC de diagnostic récent (<6 mois). Les biomarqueurs utilisés étaient issus d'un panel de marqueurs permettant d'identifier les patients comme à risques de mauvais pronostic. Le critère de jugement principal était le taux de rémission sans corticoïde et sans chirurgie à la semaine 48.
Résultat
Parmi les 386 patients randomisés, il y avait 193 patients dans chaque groupe avec la moitié des malades présentant les biomarqueurs à risques d'évolution péjorative de la MC. Le groupe Top-down recevait d'emblée une combothérapie. Le taux de rémission sans corticoïdes et sans chirurgie était de 79% dans le groupe Top-down contre 15% dans le groupe Step-up (p<0,01). Les taux de rémission endoscopique étaient de 67% dans le groupe Top-down contre 44% (p<0,01). La présence ou non des biomarqueurs d'intérêt n’influençait pas les critères de jugement principaux et secondaires.
Conclusion
La stratégie de Top-down avec l'introduction précoce d'une combothérapie par IFX et immunomodulateur est plus efficace que la stratégie de Step-up chez des patients atteints de MC active de diagnostic récent. La présence de biomarqueurs de mauvais pronostic n'a pas confirmé son intérêt clinique pour guider la stratégie thérapeutique. Les résultats de l’étude PROFILE sont disponibles en accès libre dans Lancet Gastroenterology and Hepatology.
Nathan GRELLIER, Poitiers