Prévention de la pancréatite aiguë post-CPRE par injection d’épinéphrine : mieux que l’indométacine ?
Position du problème
La pancréatite aiguë (PA) demeure la principale complication de la CPRE, cet examen est indispensable dans bien des situations. Malgré les techniques actuelles de prévention, cet effet indésirable reste parfois sévère. L'injection péri-papillaire d'épinéphrine, par vasoconstriction locale, pourrait diminuer le recrutement local de cellules pro-inflammatoire, et ainsi de limiter la cascade de l'inflammation et la pancréatite post-CPRE. Le but de cette étude était de comparer l'efficacité de l'injection péri-papillaire d'épinéphrine à l'administration d'un suppositoire d'indométacine.
Méthode
Il s'agit d'un essai prospectif randomisé, monocentrique, réalisé dans un centre tertiaire entre Janvier et Aout 2023. Les patients ont été assignés par randomisation simple 1:1 dans le groupe indométacine (A) ou bien dans le groupe injection d'épinéphrine (B). L'injection d'épinéphrine était pratiquée aux 4 cadrans de la papille, non diluée, 1 ml à chaque cadran, à 1 ou 2 cm de l'orifice papillaire. Le groupe Indométacine recevait un suppositoire de 100 mg. Deux endoscopistes expérimentés (> 500 procédures/ an) ont pratiqué les CPRE.
Résultat
638 CPRE ont été réalisées chez 567 patients. 260 patients exclus (dont 184 pour antécédent de CPRE). 378 procédures ont été inclues, 189 dans chaque groupe. Les caractéristiques de base des patients et des procédures étaient comparables entre les 2 groupes. Neuf PA dans le groupe A (4,8%) et 2 dans le groupe B (0,5%) ont été relevées (p = 0,02), aucune n'était sévère. Les amylasémies à 4h et à 24h étaient significativement différente entre les deux groupes (p < 0,001). Cinq saignements ont été constatés dans le groupe indométacine contre aucun dans le groupe épinéphrine (p = 0,008). Il n'y avait pas de différence en ce qui concerne les effets secondaires cardiovasculaires.
Conclusion
L'injection sous muqueuse d'épinéphrine en fin de geste semble diminuer le risque de pancréatite aigue post-CPRE comparée au suppositoire d'indométacine. Cette technique pourrait également contribuer à prévenir le risque de saignement post-CPRE. Cette étude présente toutefois quelques limites : Elle est monocentrique et réalisée en centre tertiaire. Les procédures réalisées par des endoscopistes confirmés. Actuellement, l'ESGE ne recommande pas cette technique, d'autres études sont probablement nécessaires pour confirmer ces résultats et changer nos pratiques.
Cyril CALAS