CAIRO5 : Match nul entre bevacizumab et panitumumab pour le traitement des métastases hépatiques exclusives de cancers colorectaux métastatiques non mutés RAS/RAF

Position du problème

A ce jour, il n'a pas de consensus quant aux critères de résécabilité des métastases hépatiques du cancer colorectal (CCRm). Il n'y a pas non plus de traitement de référence de chimiothérapie +/ thérapie ciblée dans le but d'optimiser la chirurgie. L'étude CAIRO5 cherchait à évaluer la meilleure combinaison de traitement par chimiothérapie + thérapie ciblée dans une population de CCRm gauches RAS/RAF wild type avec atteinte exclusive hépatique initialement non résécable.

Méthode

L'étude était une phase III randomisant des patients avec CCRm gauche RAS/BRAF wild type et métastases hépatiques non résécables, jamais traités, entre deux bras: chimiothérapie à base de 5FU + bevacizumab (B) ou panitumumab (P). La résécabilité était évaluée par un panel de chirurgiens et radiologues à l'inclusion. Le critère de jugement principal était la survie sans progression. La toxicité ainsi que les taux de réponse et d'ablation totale étaient des critères de jugement secondaires.

Résultat

236 patients ont été randomisés sur 7,5 ans dont 118 dans chaque bras, et 6 exclus. La résécabilité était consensuelle chez 67% des patients à l'inclusion. Les caractéristiques étaient équilibrées entre les deux bras, dont 90% des patients recevant de l'oxaliplatine. Après un temps de suivi médian de 44 mois, la médiane de survie était de 10.3 (P) vs 10.6 mois (B) (stratifié HR 1.12, 95% CI 0.84-1.50, p=0.44). Les taux de réponse et d'ablation totale étaient de 76% (P) vs 52% (B) (p<0.01) et 56% (P) vs 58% (B) (p=0.79). Il y a eu 52% (B) vs 69% (P) (p=0.01) de toxicité de grade ≥3.

Conclusion

CAIRO5 est la première étude de phase III évaluant différents schémas de chimiothérapie + thérapie ciblée dans une population de CCRm avec lésions hépatiques initialement non résécables. Il n'y a pas de différence entre les deux bras en survie sans progression ni en taux d'ablation totale (R0/R1 +/- destruction locale), bien qu'il y ait un meilleur taux de réponse objective dans le bras (P), au prix d'une plus grande toxicité. Les résultats de survie globale sont attendus.

Anna Pellat et Clémence Descourvières