Immunothérapie seule en première ligne du carcinome hépatocellulaire (CHC) avancé : quels candidats ?

Position du problème

L'association atezolizumab et bevacizumab est recommandée en première ligne du carcinome hépatocellulaire (CHC) avancé. Quelques études ont déjà montré la non-infériorité de l'immunothérapie par checkpoint inhibiteurs (nivolumab, durvalumab...) en monothérapie en première ligne du CHC avancé vs le sorafenib. L'étude cherchait à évaluer l'efficacité du tislelizumab, un anti PD-1, comparé au sorafenib en première ligne du CHC avancé.

Méthode

Il s'agissait d'une étude de phase III de non infériorité en ouvert randomisant en 1:1 les patients entre le tislelizumab T (200 mg IV /3sem) et le sorafenib S (400 mg PO X2/j). Les patients inclus étaient Child A, OMS 0 ou 1, et présentaient un CHC avancé naif de traitement, sans thrombus veineux du tronc porte ou de la veine cave inférieure. Le critère de jugement principal était la survie globale (SG) en intention de traiter.

Résultat

674 patients ont été randomisés entre les 2 bras: 342 dans le bras T et 332 dans le bras S. Les caractéristiques des patients étaient bien équilibrées entre les 2 groupes. La population de l'étude était majoritairement d'origine asiatique (plus de 60%) avec une prédominance d'étiologie virale B. Après un temps médian de suivi de 33 mois, l'étude est positive pour son objectif principal: médiane de SG: 15.9 mois T vs 14.1 mo S, HR stratifié: 0.85 [95.003% CI: 0.712, 1.019]). L'incidence de la toxicité ≥3 était inférieure dans le bras T (48.2% vs 65.4%), avec moins d'interruptions de traitement.

Conclusion

Il s'agit d'une étude positive pour son critère de jugement principal, validant le T comme nouvelle option thérapeutique en première ligne du CHC avancé. Cependant, le taux de réponse objective avec cet anti PD-1 semble bas (14,3%) par rapport à ceux observés avec les combinaisons de traitements à base d'immunothérapie. L'étude ne modifie pas nos pratiques. En revanche, l'immunothérapie en monothérapie pourraient avoir une place pour une population de patients plus fragiles (Child B).

Anna Pellat et Clémence Descourvières