La radiothérapie interne vectorisée : désormais une place indéniable dans le traitement des tumeurs neuroendocrines pancréatiques

Position du problème

Cinq différents traitements ont déjà été validés pour la prise en charge des tumeurs neuroendocrines pancréatiques (PanNET) métastatiques. Cependant, il n'existe pas d'étude randomisée évaluant l'efficacité de la radiothérapie interne vectorisée (RIV) dans cette population. Le but de l'étude OCLURANDOM était d'évaluer l'efficacité de la RIV-177Lutetium-dotatate dans une population de patients avec PanNET non résécables en progression tumorale.

Méthode

OCLURANDOM est une étude randomisée de phase II française, non comparative ayant inclu des patients avec panNET non résécables, en progression tumorale dans les 12 mois, et positives en scintigraphie des récepteurs de la somatostatine. Les patients étaient randomisés en 1:1 entre la RIV-177Lutetium-dotatate et le sunitinib (contrôle interne). L'objectif principal était la survie sans progression (SSP) à 12 mois (attendue >60%). La tolérance était un des critères de jugement secondaire.

Résultat

Parmi les 84 patients inclus en 5 ans, 37% présentaient un Ki-67 >10%, 81% avaient des tumeurs de grades 2 et 3 et 60% avaient reçu de la chimiothérapie. Après 40 mois de suivi médian, la SSP à 12 mois était de 80.5% (33/41 patients) pour la RIV et de 42 % pour le sunitinib (n=18/43 patients). Les médianes de SSP étaient de 20.7 mois (RIV) et 11.0 mois (sunitinib). On observait 44% (RIV) et 60% (sunitinib) de toxicité de grade 3-4, avec principalement de la fatigue, de l'HTA et une atteinte hématologique biologique.

Conclusion

Il s'agit de la première étude randomisée évaluant la RIV-177Lutetium-dotatate dans une population de PanNET non résécables en progression tumorale. L'étude est positive avec 80,5% de SSP à 12 mois (attendue >60%) dans le bras RIV, le sunitinib servant de contrôle interne. Le taux élevé de réponse tumorale après RIV dans cette population valide non seulement son efficacité mais pose également la question de son introduction précoce dans la stratégie thérapeutique.

Anna Pellat et Clémence Descourvières