Une nouvelle combinaison candidate en première ligne du carcinome hépatocellulaire (CHC) non résécable

Position du problème

Les inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) ont longtemps été la classe thérapeutique de choix dans le traitement du CHC non résécable ou métastatique, désormais détrônée par le binôme atezolizumab et bevacizumab suite aux résultats de l'étude IMbrave en 2020. Le pronostic de ces patients reste sombre. Afin de trouver la meilleure combinaison thérapeutique et d'améliorer la survie globale, cette étude est la première à évaluer l'association d'un anticorps anti PD-1 et d'un ITK en première ligne.

Méthode

Il s'agit d'une phase III internationale en ouvert randomisant (1:1) les patients entre le bras camrelizumab C (200mg IV /2 sem) + rivoceranib R (250mg PO/j) versus sorafenib S (400mg PO X2/j). Les patients inclus étaient en bon état général, Child A, naifs de traitement, et stratifiés sur l'invasion macrovasculaire, la région d'origine, l'AFP et l'atteinte extra hépatique. L'objectif principal était un critère composite de survie sans progression (SSP) et de survie globale (SG).

Résultat

543 patients ont été randomisés, dont 272 dans le bras C+R et 271 dans le bras S. Les caractéristiques des patients étaient bien équilibrées entre les deux groupes, avec une majorité d'étiologie virale B et de patients asiatiques. L' étude est positive pour la SG et la SSP. Avec une médiane de suivi de 7.8 mois, la SSP était de 5.6 mois versus 3.7 mois, HR à 0.52, p<0.0001 et la SG de 22.1 mois versus 15.2 mois, HR 0.62, p<0.0001, dans les bras (C+R) versus (S) respectivement. Il y avait 80.9% (C+R) versus 52.4% (S) d'effets indésirables de grade 3 ou plus, avec une prédominance d'HTA.

Conclusion

Il s'agit de la première étude positive pour l'association d'un anti PD-1 avec un anti-angiogénique ITK versus sorafenib. L'association (C + R) peut donc être considérée comme une nouvelle option thérapeutique en première ligne du CHC non résécable. Reste à définir sa place par rapport à l'association atezolizumab et bevacizumab. Mais la majorité des patients de l'étude était d'origine Asiatique, d'étiologie virale B, posant un problème d'extrapolation des résultats aux populations occidentales.

Anna Pellat et Clémence Descourvières