L’aspirine en adjuvant dans le cancer du colon de stade II/III : une vertu supplémentaire ?
Position du problème
Plusieurs études rétrospectives ont suggéré un effet protecteur de l'aspirine via son action inhibitrice de COX-2 en tant que traitement adjuvant du cancer du côlon, en particulier chez les patients porteurs d'une mutation activatrice de PIK3CA. L’essai SAKK 41/13 est le premier essai prospectif randomisé de phase 3 visant à démontrer le bénéfice de l'aspirine adjuvante chez les patients (pts) atteints de cancer du côlon de stade 2 ou 3 (CCR stade II ou III) avec mutation de PIK3CA.
Méthode
L'essai fut prématurément fermé pour contraintes financières avec au total l'inclusion de 112 pts (sur 1040 dépistés) atteints de CCR stade II ou III avec une mutation activatrice de PIK3CA dans l'Exon 9 ou 20 et évaluée de manière centralisée. La randomisation était de 2:1 pour l'aspirine 100 mg/j pendant 3 ans (n=74) contre un placebo pendant 3 ans (n=38). Les caractéristiques de population étaient bien similaires entre les groupes. L'objectif principal était la survie sans maladie(SSM), les critères secondaires incluaient la survie globale(SG), la tolérance et la survie sans récidive(SSR).
Résultat
Après un suivi médian de 4 ans, les données de SSM sont en faveur de l'aspirine de manière non significative (HR= 0,57, IC 90 % (0,27-1,22), p=0,11) avec la survenue de 19 évènements et un taux à 3/5 ans respectivement à 88,3%/86.5% dans le bras expérimental VS 82,4%/72.9% dans le bras contrôle (différence absolue de SSM à 5 ans de 13.6%). Cette tendance en faveur de l’aspirine se confirme également pour la SG (HR= 0,70, p=0,3) et pour la SSR (HR=0.49, p=0.08). Aucun patient n'a présenté d'effets indésirables graves liés à l'aspirine.
Conclusion
L'essai randomisé SAKK 41/13 fournit les premières données prospectives d'un effet protecteur de l'aspirine adjuvante chez les pts atteints de CCR stade II/III réséqué avec mutation PIK3CA, avec une amélioration intéressante de 43 % de la SSM et une tolérance acceptable. Cependant, ces résultats non statistiquement significatifs ne nous permettent pas à ce stade de changer nos pratiques et le bénéfice de l’aspirine doit être évalué sur un plus grand échantillon de patients avec des précisions sur le rapport bénéfice/risque dans les populations les plus âgées.
Margot PIZZAMIGLIO