L’immunothérapie dans le cancer colorectal métastatique pMMR : POCHI sur la bonne voie de l’infiltrat immunitaire
Position du problème
A l'heure actuelle dans le cancer colorectal métastatique (CCRm), les inhibiteurs de checkpoint immunitaire sont considérés comme inefficaces chez les patients pMMR/MSS. Environ 15% des patients atteints d'un CCRm présentent un taux élevé de lymphocytes infiltrant la tumeur (TIL), qui est associé à un meilleur pronostic. Les patients atteints d'un CCRm ayant un score immunitaire élevé pourraient bénéficier des thérapies anti-PD1/PDL1, cependant il n'existe à l'heure actuelle aucune étude pour évaluer cette hypothèse ; c'est dans ce contexte qu'a été lancée l'étude POCHI.
Méthode
Dans cette étude multicentrique de phase II a un seul bras, les patients inclus étaient atteints d'un CCRm pMMR et MSS, dont le primitif a pu être réséqué avec marges saines pour pouvoir déterminer le score immunitaire (au moins un test positif entre l'immunoscore et/ou le TuLIS). Ils ont été traités en 1ère ligne métastatique par CAPOX (dose standard) + bevacizumab (7.5 mg/kg) + pembrolizumab 200mg toutes les 3 semaines. Le critère de jugement principal était le nombre de patients vivants et sans progression (PFS) à 10 mois (H1 : 70% de PFS à 10 mois). 55 patients devaient être inclus.
Résultat
36 patients (sur les 196 sélectionnés) avaient ≥1 score immunitaire positif (18%), 30 ont finalement été analysés (50% de colon gauche, 50% de métastases hépatiques). 70% des patients ont présentés ≥ 1 évènement indésirable de grade ≥3 ; 10% ont du stopper définitivement le traitement. Avec une médiane de suivi de 21 mois, les taux de réponse objective et de contrôle de la maladie étaient respectivement de 74% et 100% ; les taux de réponse complète et partielle étaient respectivement de 17% et 57% ; la durée de réponse médiane était de 10 mois. La PFS à 12 mois était de 51.5% ; l'OS à 12 mois de 100% (données immatures). A la date de cut-off 43% des patients étaient en cours de traitement.
Conclusion
L'étude POCHI permet de mettre en évidence une bonne efficacité du pembrolizumab en association à une chimiothérapie standard (CAPOX+bevacizumab) dans le traitement du CCRm pMMR/MSS avec infiltration immunitaire élevée (17% de réponse complète, 100% de contrôle de la maladie), avec un profil de sécurité acceptable. Des analyses de biomarqueurs sont en cours pour identifier des facteurs prédictifs de réponse. L'essai est toujours en cours, mais ces résultats encouragent à réaliser une étude randomisée de phase III avec ce schéma de traitement dans les CCRm pMMR avec infiltrat immunitaire élevé.
Léa ALFONSI, Marseille