Mutation SPINK1 et pancréatite chronique
Position du problème
SPINK1 est un gêne situé sur le chromosome 5q33, dont la protéine (trypsinogène cationique) a pour rôle d'inhiber la trypsine intra pancréatique, et ainsi de permettre le maintien du pancréas exocrine. Il existe plusieurs mutations, et 2% de la population est hétérozygote pour la plus fréquente, N34S. L'objectif était de décrire l'histoire naturelle des pancréatites avec mutation de SPINK1.
Méthode
Il s'agit d'une étude monocentrique prospective, ayant inclus tous les patients entre 2000 et 2016 adressés pour des douleurs d'origine pancréatiques ou des pancréatites aiguës récidivantes sans cause évidente (après IRM, scanner et écho endoscopie, et exclusion d'une origine alcoolique, biliaire, auto-immune ou métabolique) et présentant une mutation de SPINK1. Les patients étaient suivis annuellement (clinique, morphologie, génétique, épidémiologie).
Résultat
158 patients étaient inclus. On retrouve la mutation N34S hétérozygote dans 64% des cas, homozygote dans 8% des cas, et une autre mutation dans 27% des cas. Le retard diagnostique médian est de 9 ans (premiers symptômes = 20 ans, diagnostic = 29 ans). Les manifestations cliniques étaient principalement les poussées de PA (77%) et les douleurs (73%). Il existait 62% d'anomalies canalaires et 56% de calcifications. 6 adénocarcinomes sont survenus, FDR : calcifications et insuffisance exocrine.
Conclusion
La mutation de SPINK1 est fréquente mais la pénétrance est faible. Les patients symptomatiques ont des formes sévères, souvent à un âge jeune, et les anomalies morphologiques sont fréquentes. Le risque d'adénocarcinome est non négligeable, surtout à partir de 45-50 ans. Les facteurs de risques principaux en sont les antécédents familiaux, insuffisance pancréatique exocrine, les calcifications pancréatiques et la présence d'autres mutations associées.
Clothilde Miaglia