Abandonner le suivi addictologique en post greffe ? Jamais !
Position du problème
En France, la maladie du foie liée à l’alcool (MAF) est la première cause de transplantation hépatique (TH). En post-TH, la reprise des consommations d’alcool est fréquente (jusqu’à 40% des patients) avec une consommation sévère dans 11 à 26% des cas. Cette rechute majore le risque de récidive de cirrhose, de néoplasie, de maladie cardiovasculaire et de décès. L’objectif de cette étude était d’étudier l'impact des médecins addictologues au sein d’un centre de TH sur le pronostic de ces patients.
Méthode
Il s’agit d’un étude multicentrique rétrospective ayant inclus les patients transplantés pour MAF entre 2000 et 2015. Une comparaison a été effectuée entre un groupe de patients ayant été pris en charge par des médecins addictologues intégrés à l’équipe de TH (groupe d’intérêt) et un groupe contrôle. Le critère de jugement principal était le taux de rechute sévère en alcool définie par une consommation de ≥ 4 verres standards par jour pendant au moins 100 jours consécutifs.
Résultat
616 patients ont été inclus, dont 195 avec un suivi addictologique. Après appariement, 170 paires ont été créées, comparables sur des variables d’ajustement dont le MELD, la durée d’abstinence pré-TH et les facteurs de risque cardiovasculaires. Un suivi addictologique était significativement associé à un moindre risque de rechute sévère en alcool (6.5% vs 15.5%; HR=0.33;p=0.0033) et de survenue d’événements cardiovasculaires sévères (10.0% vs 20.0%;OR=0.39;p=0.0086). Il n’y avait pas de différence significative sur la mortalité, la survenue de cancer de novo, la récidive de CHC ou de cirrhose.
Conclusion
Un suivi addictologique en post-TH diminue significativement la rechute sévère en alcool et la survenue d’événements cardiovasculaires. Une prise en charge étroite entre hépatologues et addictologues est alors primordiale en pré mais aussi en post-greffe !
Louise LEBEDEL, Caen