ANCHOR : un succès promoteur de l’encorafenib dans le cancer colorectal en première ligne

Position du problème

Les mutations BRAFV600E concernent près de 15% des patients atteints de cancer colorectal métastatique (CCRm). Dans cette population, l'étude BEACON a démontré l'intérêt de la combinaison encorafenib (ENCO) et cetuximab (CETUX) avec ou sans binimetinib (BINI) après échec d'au moins une ligne de traitement antérieure. L'étude ANCHOR CRC a cherché à évaluer l'efficacité de cette combinaison en première ligne thérapeutique.

Méthode

L'étude ANCHOR CRC est une phase 2 multicentrique ouverte prospective monobras. Les patients atteints de CCRm avec mutation BRAFV600E sans traitement antérieur pour maladie métastatique ont été traités par ENCO 300 mg/j + BINI 45 mg 2/j + CETUX hebdomadaire pendant 7 mois puis bimensuel. Une phase préliminaire a permis une analyse de futilité avant de poursuivre les inclusions. Le critère de jugement principal était le TRO. Les critères secondaires étaient le TCM, la SSP, la SG et la tolérance.

Résultat

95 patients ont été inclus dont 92 évaluables pour efficacité. C'était une population âgée (13% de >75 ans) avec une maladie avancée (76% métastatique sur >1 site dont 48% péritonéal). Le TRO était de 47,8% et le TCM de 88%. Les médianes de SSP et SG étaient de respectivement 5,8 mois et 17,2 mois. Des évènements de grade 3 ont été observés chez 70% des patients. Trois EI ont entrainé le décès dont deux soupçonnés d'être liés au traitement (pneumopathie, insuffisance rénale aigüe). On ne note pas de dégradation de la qualité de vie dans les premiers mois de traitement.

Conclusion

ANCHOR CRC confirme l'efficacité et la tolérance de la trithérapie ENCO+BINI+CETUX chez des patients atteints de CCRm avec mutation BRAFV600E. Ces résultats rapportés sont globalement similaires à ceux observés avec les schémas de chimiothérapie actuellement recommandés. Cette étude place l'encorafénib au devant de la prise en charge du CCRm avec mBRAFV600E. Elle appelle à des études ultérieures afin de clarifier la séquence stratégique optimale et d'optimiser la sélection des patients.

Romain CHAUTARD, Tours