Dépistage de la fibrose hépatique chez les patients diabétiques : adaptations par rapport à la population générale

Position du problème

Le diabète de type 2 (DT2) est un facteur de risque de fibrose hépatique. Le dépistage de la fibrose hépatique avancée est recommandé en cas de DT2. Cependant, certains travaux suggèrent une performance diagnostique diminuée des tests non invasifs de fibrose (TNIF) chez ces patients. L'objectif de l'étude était de comparer la performance diagnostique des TNIF chez les patients DT2 et non-DT2, d'expliquer les différences s'il y en avait, et de proposer une adaptation du dépistage chez les DT2.

Méthode

Il s'agissait d'une étude portant sur 1051 patients NAFLD dans 3 centres tertiaires français. Six TNIF étaient évalués chez tous les patients : NAFLD fibrosis score, FIB4, Fibrotest, Fibromètre V2G, Fibroscan, FibroMètre VCTE. Le critère de jugement était la présence d'une fibrose hépatique avancée sur la biopsie hépatique, définie par un stade de fibrose F≥3. Le DT2 était défini par une GAJ ≥ 7 mmol/L ou la prise d'un traitement antidiabétique.

Résultat

523 patients avaient un DT2 (prévalence F3 : 55,1 %), 528 patients étaient non-DT2 (prévalence F3 : 24,1%). Les AUROC des TNIF étaient significativement plus basses chez les patients non-DT2 pour tous les TNIF, par une diminution de spécificité. Le NAFLD fibrosis score était particulièrement peu performant du fait d'un poids trop important de la variable "diabète". Les faux positifs des autres scores étaient principalement dus aux variables de l'âge (populations différentes), de l'alpha-2 macroglobuline (augmentée en cas de diabète).

Conclusion

Les TNIF sont moins performants chez les DT2 par manque de spécificité, en particulier le NAFLD fibrosis score ne doit pas être utilisé. L'algorithme FIB-4 puis VCTE n'est pas adapté, il faut réaliser d'emblée des tests spécialisés, en associant Fibromètre ou Fibroscan en première ligne, suivi du Fibromètre VCTE (taux de FN 8%, taux de FP 7,5%). Le bemol à ces résultats est un probable biais de sélection, avec des diabètes compliqués (centres tertiaires).

Blandine VAUQUELIN, Bordeaux