N’hésitez plus à arrêter l’oxaliplatine pour les colons adjuvant !

Position du problème

Une chimiothérapie adjuvante associant fluoropymidine et oxaliplatine durant 6 mois est indiquée dans les CCR stade III, notamment à haut risque (T4 et/ou N2). Peu de données sur l'impact pronostique de l'arrêt précoce de chimiothérapie (APC) (pouvant survenir jusque 1/3 des patients) ou de l'oxaliplatine seul (APO) (souvent lié à une NP sensitive) sont disponibles actuellement.

Méthode

Ont été inclus les patients atteints de CC de stade III issus de 11 essais thérapeutiques à partir des bases de données ACCENT et IDEA, et devant recevoir 6 mois de CT adjuvante (FOLFOX ou CAPOX). L'APC était définie comme l'arrêt du traitement avant 75% des cycles. L'APO était définie comme l'arrêt de l'oxaliplatine seul, tout en poursuivant la fluoropyrimidine, avant 75% des cycles. L'objectif était d'évaluer l'impact pronostique sur la survie sans maladie (SSM) et la survie globale (SG).

Résultat

L'analyse APC a inclus 10 444 patients (FOLFOX n=7033, CAPOX n=3411) avec 20,9% d’APC, et l’analyse APO a inclus 7 243 patients avec 18,8% d’APO. Les patients avec APC ou APO étaient plus souvent des femmes, avec PS≥1, âgés ≥65 ans (et plus dénutris pour l'APC). L'APC était associé à une diminution de la SSM et SG. L'APO seul n'était pas associé à une SSM ou SG réduite, mais la réalisation de moins de la moitié des cycles avec oxaliplatine impactait défavorablement le pronostic.

Conclusion

L'APC est délétère en terme de SSM et SG chez les patients recevant une CT adjuvante par fluoropyrimidine et oxaliplatine en cas de cancer colique de stade III. L'APO, fréquemment réalisé en pratique courante en raison de la neurotoxicité, n'était pas associé à un moins bon pronostic. Ces données suggèrent qu'il est possible d'arrêter l'oxaliplatine après 3 mois en cas de toxicité sans impacter le pronostic, alors que la fluoropyrimidine doit être continuée jusqu’à la fin des 6 mois.

Marine PERRIER, Reims