Patients infectés par le VIH à haut risque de cancer de l’anus : quel impact du dépistage des néoplasies intraépithéliales anales (AIN)

Position du problème

Le dépistage proctologique en France actuel chez les patients infectés par le VIH est recommandé lorsqu'ils sont considérés à haut risque: antécédent de condylome, de dysplasie du col ou patients HSH. L'impact en pratique de cette stratégie sur l'incidence du cancer dans cette population reste à démontrer. Le but de cette étude est d'évaluer l'impact du dépistage des néoplasies intraépithéliales anales chez les patients à haut risque infectés par le VIH sur la survenue de cancer de l’anus.

Méthode

Cette étude rétrospective monocentrique sur le CHU de Clermont-Ferrand a sélectionné tous les patients éligibles au dépistage. L'histoire naturelle des AIN et l’impact du dépistage annuel (≤ 18 mois entre deux consultations), ainsi que le délai médian de récidives des AINs après traitement par électrocoagulation ont été évalués. Le critère de jugement principal était l'apparition d'AIN 1, 2, 3 et la survenue de cancer.

Résultat

Sur les 337 patients ayant consulté, le risque de développer un cancer anal était de 0,4 % patients-années en cas d’absence de lésions, 1,2% en cas de condylome ou AIN 1, 2,7% en cas d'AIN 2, 26,8% en cas d'AIN3. Le risque de cancer était plus élevé en cas d'AIN 2 ou 3 vs pas de dysplasie de haut grade. Sur les 700 patients sélectionnés, seuls 4,6 % ont strictement respecté le programme de dépistage. Il n'existe pas de différence significative sur le risque de cancer ni de lésion de haut grade mais une tendance. En revanche le taux de condylomes dans le groupe dépistage était plus important.

Conclusion

Le risque de développer un carcinome épidermoïde du canal anal est augmenté en cas d’AIN2 ou 3. Une étude de cohorte prospective de large effectif reste nécessaire pour démontrer que le dépistage proctologique chez les patients à haut risque infectés par le VIH diminurait la probabilité de survenue de cancer de l’anus. Peu de patients suivent ce programme de dépistage : des stratégies sont nécessaires pour alléger la surveillance de ceux qui n'ont pas de facteurs de risque identifiés.

Oumaima BARKAOUI, Amiens