Switch des patients traités par infliximab optimisé : une stratégie payante ?

Position du problème

L’infliximab par voie sous-cutanée (SC) (120mg/2semaines) a obtenu son AMM en 2021 en montrant une efficacité similaire à la voie intra-veineuse (IV) à posologie usuelle (5mg/kg/8semaines) sur la rémission clinique. Cependant, nous ne disposons pas de données d’efficacité du switch thérapeutique chez les patients poursuivant le traitement à posologie optimisée.

Méthode

Dans cette étude prospective observationnelle multicentrique, ont été inclus consécutivement tous les patients suivis pour une MICI en rémission clinique, traités par infliximab et effectuant un switch IV/SC. Les données cliniques et biologiques (calprotectine, taux résiduel d’infilximab, anticorps anti-infliximab) étaient recueillies au moment du switch (V0) puis par 3 fois (V1-V2-V3) à intervalles de 4 ou 8 semaines en fonction du rythme d’administration antérieure.

Résultat

133 patients ayant accepté le switch ont été inclus. Près de la moitié poursuivait un schéma optimisé. Le taux de rechute global après switch était de 11,1 %, s’élevant jusqu’à 40% chez les patients initialement traités à la posologie de 10mg/kg/4semaines. L’optimisation thérapeutique à la dose de 240 mg/ 2semaines permettait l’obtention d’une rémission secondaire dans 92,3 % % des cas. Les taux résiduels avant le switch et à V1 n’étaient pas associés au risque de rechute. En revanche, les patients augmentant leur taux après switch présentaient moins de risque de rechute.

Conclusion

Le switch IV/SC chez les patients traités par un schéma initial optimisé est possible mais expose à un risque de rechute important finalement rattrapé par un doublement de la posologie SC (qui pourrait être proposée d'emblée chez ces patients). Les taux résiduels IV et SC n’étant pas comparables, il nous reste à attendre les travaux supplémentaires définissant de nouveaux seuils thérapeutiques !

Perrine MORTREUX, Lille