Toxicité hépatique des inhibiteurs de checkpoints immunitaires : vers une prise en charge personnalisée ?

Position du problème

Les inhibiteurs des checkpoints immunitaires (ICI) ont une toxicité hépatique estimée entre 0.7 et 13% selon les études. Cette toxicité se décline en différents phénotypes : cytolytique, cholestatique ou mixte. Les recommandations actuelles préconisent la suspension de l’ICI et l’introduction d’une corticothérapie, sans tenir compte de ce phénotype. L’objectif de cette étude est de décrire les différents phénotypes d’hépatites aiguës secondaires aux ICI et leur évolution clinico-biologique.

Méthode

Il s’agit d’une étude observationnelle, descriptive, monocentrique conduite chez des patients adultes atteints d’une hépatite aiguë secondaire aux ICI. Les hépatites cholestatiques étaient définies par un ratio ALAT / PAL ≤ 2, cytolytiques ≥ 5 et mixtes 2 < R < 5. Les données clinico-biologiques ont été recueillies au diagnostic, à S1, S2, S4 puis 1 fois par mois jusqu’à résolution de l’hépatite.

Résultat

Cinquante-deux patients ont été inclus. Les hépatites représentaient 14.7% des toxicités secondaires aux ICI. Le profil des hépatites était cholestatique dans 40.4% des cas, cytolytique dans 30.8% et mixte dans 28.8%. Les hépatites étaient de grade 3 dans 71.2% des cas. Les patients étaient traités par corticothérapie dans 76.9% des cas, par AUDC dans 32.7% et par un autre immunosuppresseur dans 7.7% des cas. Une reprise de l’ICI était réalisée dans 46.2% des cas. Le taux de récidive après réintroduction de l’ICI était de 37.5%. Aucun cas de mortalité secondaire aux ICI n’a été rapporté.

Conclusion

Dans cette étude, les hépatites en lien avec l’utilisation d’ICI étaient fréquentes et le phénotype « cholestatique » était prédominant. Le traitement par ICI a pu être réintroduit dans 46.2% des cas. Cette étude pourrait permettre d’envisager un traitement personnalisé des hépatites secondaires aux ICI en fonction du phénotype de cette dernière. Des études supplémentaires pourraient permettre notamment d'identifier la place de l’AUDC dans la prise en charge des hépatites cholestatiques.

Charlotte MOULIADE, Villejuif