Corticoïdes et MICI : un peu, beaucoup… trop ?

Position du problème

La place des corticoïdes (CS) dans la prise en charge des poussées de maladie de Crohn (MC) ou rectocolite hémorragique (RCH) n'est plus à démontrer. Cependant, son utilisation répétée et/ou prolongée n'est pas sans risque, exposant les patients à de nombreux effets indésirables. L'étude internationale DICE s'est intéressé à décrire le recours et l'utilisation en excès des CS par voie orale chez les patients atteints de MICI, et d'en rechercher les facteurs associés.

Méthode

DICE est une étude non interventionnelle, transversale, internationale conduite dans des centres experts dans la prise en charge des MICI. Les patients MICI adultes étaient inclus, et leurs données recueillies via des questionnaires anonymes complétés par le praticien. L'utilisation des CS sur les 12 derniers mois, leur utilisation en excès ainsi que les facteurs associés à leur utilisation étaient recueillis. On rapporte ici les données françaises issus de 4 centres.

Résultat

534 patients avec MICI ont été inclus, 324 avec MC, 205 avec RCH. Dans cette cohorte, 20,1% des patients avec MC, et 30,2% des patients avec RCH ont reçu des CS au cours des 12 derniers mois, avec respectivement 13,3% et 17,1% d'utilisation en excès. La sévérité de la maladie est le facteur indépendant le plus fortement associé à l'utilisation des CS et leur utilisation en excès dans la MC et la RCH.

Conclusion

Cette étude confirme et nous donne des chiffres clairs sur l'utilisation des CS au cours du traitement des poussées de MC et RCH. Malgré son efficacité importante sur les symptômes, les risques de leur utilisation et ces résultats, notamment sur l'utilisation excessive des CS lors des poussées de RCH, doivent nous encourager à prescrire de façon raisonnée, limitée et adéquate ces traitements.

Steven Cuissy, Rouen