Inhibiteurs de checkpoint immunitaires : attention aux symptômes digestifs hauts !

Position du problème

Les inhibiteurs de checkpoint immunitaire (ICI), anti PD(L)1 et anti CTLA4, sont devenus une pierre angulaire du traitement anti-cancéreux en améliorant le pronostic de nombreux cancers. Les complications coliques de cette classe thérapeutique sont bien connues, mais les atteintes digestives hautes sont peu décrites et limitées à quelques cas cliniques. Les auteurs de cette étude nous éclairent enfin sur le sujet.

Méthode

Cette étude observationnelle multicentrique de 40 patients décrit les atteintes retrouvées en gastroscopie lors d'un traitement par ICI ou dans les 6 mois suivant son arrêt, chez les patients traités par anti PD(L)1 seul +/- associé à un anti CTLA4 et présentant des symptômes digestifs hauts, ainsi que leur réponse au traitement.

Résultat

Le délai médian d'apparition des symptômes était de 3 mois. Il s'agissait principalement d'épigastralgies (71%), de nausées/vomissements (63%), et de diarrhées (57%). L'atteinte endoscopique, le plus souvent gastroduodénale, retrouvait des lésions érosives, ulcéro hémorragiques, voire nécrotiques. L'atteinte digestive haute était isolée une fois sur 2. La corticothérapie a permis 84% de réponse clinique; en cas d'échec, l'infliximab et le védolizumab ont permis une réponse clinique dans 71% des cas. L'ICI a été repris chez 1/4 des patients avec une récidive de toxicité digestive une fois sur 2

Conclusion

Les messages à retenir sont: - Les ICI peuvent induire des gastrites et duodénites sévères, il faut savoir les reconnaitre d'autant plus qu'elles peuvent être isolées! - Le traitement de ces formes hautes est identique à celui des colites immunomédiées : corticothérapie et infliximab en cas d'échec. - La récidive semble fréquente après réintroduction des ICI.

Lina Hountondji, Montpellier