La dexaméthasone associée à la chimioembolisation : un duo de choc !

Position du problème

La chimioembolisation (CEL) est un traitement validé du CHC localement avancé, mais induit des effets secondaires systémiques fréquents. Plusieurs études ont suggéré l’efficacité de la dexaméthasone (DXM) en prévention du syndrome post-embolisation, principalement dans la cirrhose virale, mais aucune donnée sur la survenue de décompensation hépatique post-CEL ne semble disponible. Le but de l'étude est d'évaluer l'efficacité de la DXM en prévention des effets indésirables post-CEL.

Méthode

234 patients cirrhotiques ayant eu une CEL pour CHC entre 2017 et 2021 ont été inclus. La DXM intraveineuse a été administrée à partir d'octobre 2019 aux patients non diabétiques: 8 mg à J0 et J1, 4 mg à J2. Les données clinico-biologiques ont été recueillies à J0, J2 et J45: l'incidence de la fièvre, le recours aux antalgiques opioïdes, l'altération de la fonction hépatique permettant de comparer un groupe avec et sans DXM.

Résultat

398 CEL ont été analysée; la cirrhose était principalement d'origine métabolique ou liée à l'alcool (86,7%) et compensée. L'administration de DXM a concerné un quart des procédures. La fièvre était significativement moins fréquente dans le groupe DXM (p<0.001), de même que le recours aux antalgiques opioïdes (p=0.002). L'encéphalopathie hépatique à J2 était moins fréquente dans le groupe DXM (p=0.015). La variation de la bilirubinémie entre J0-J2 était significativement moins élevée dans le groupe DXM (p=0.001), de même que la variation de la créatininémie entre J0-J2 (p<0.001).

Conclusion

La DXM en cure courte améliore significativement la tolérance clinico-biologique du traitement du CHC par CEL, et permet de prévenir le syndrome post-embolisation et la décompensation de cirrhose dysmétabolique et liée à l'alcool. D'autres études semblent nécessaires pour établir la sécurité à long terme de la DXM dans cette indication, et notamment son effet sur la réponse tumorale avant d'être potentiellement recommandée en pratique clinique.

Lina Hountondji, Montpellier