Le degré d’inflammation histologique est prédictif de la réponse aux corticoïdes dans l’hépatite alcoolique symptomatique sévère.

Position du problème

Les corticoïdes constituent, hors transplantation hépatique, le seul traitement validé dans l'hépatite alcoolique symptomatique sévère (HASS). La réponse au traitement n'est évaluée qu'au bout de 7 jours, via le score de Lille. Les paramètres pré-thérapeutiques, et notamment histologiques, prédictifs de cette réponse sont peu connus. Un score histologique pronostique (score AHHS) a été développé, mais non étudié dans la réponse aux corticoïdes.

Méthode

Il s'agit d'une étude rétrospective, monocentrique (CHU Lille). 61 patients avec une HASS prouvée histologiquement traitée par corticoïdes ont été inclus entre 2014 et 2021. La réponse au traitement était définie par un score de Lille < 0,56 à J7. La non réponse était définie par un score de Lille ⩾ 0,56 à J7 ou le décès avant J7. Les biopsies de tous les patients étaient analysées de manière automatisée avec un logiciel spécialisé, avec décompte et caractérisation des cellules inflammatoires.

Résultat

Sur 61 patients inclus, 43 patients étaient répondeurs (70,5%), 18 étaient non répondeurs aux corticoïdes(29,5%). Le diabète, l'insuffisance rénale aiguë, l'élévation de la bilirubine, de la CRP, du score de Maddrey, du MELD ou de l'IGS2, étaient associés à la non réponse. La présence d'un faible infiltrat inflammatoire était associé à la non réponse, en analyse uni et multivariée (p = 0,016). L'intensité de cet infiltrat était le facteur prédictif le plus robuste de non réponse, parmi tous les facteurs étudiés, avec un OR très élevé (897) et retrouvé aussi en cas de réponse intermédiaires.

Conclusion

Un faible infiltrat inflammatoire était, dans cette étude, un facteur prédictif fort de non réponse au corticoïdes. Il pourrait permettre de repérer d'emblée les patients à risque d'échec du traitement, afin de discuter précocement d'une alternative thérapeutique telle la transplantation hépatique . En cas de réponse intermédiaire, il pourrait permettre de guider la décision de poursuite ou non des corticoïdes chez ces patients. Une validation sur de plus larges effectifs semble nécessaire.

Marie de Matharel, Nice