Les adénocarcinomes pancréatiques non mutés KRAS : une lueur d’espoir ?

Position du problème

L'augmentation de l'incidence de l'adénocarcinome pancréatique (AcP), en plus de son pronostic sombre, fait de ce cancer un enjeu de santé public majeur. Porté essentiellement par des mutations KRAS, il existe cependant environ 10 % des AcP qui présentent d'autres anomalies moléculaires ou génomiques (BRAF, gènes de fusion). Ce sous groupe, encore peu décrit, serait de meilleur pronostic et pourrait bénéficier de thérapies ciblées.

Méthode

Au sein d'une cohorte rétrospective de 1034 AcP réséqués ou métastatiques, une équipe parisienne a utilisé un séquençage NGS pour connaitre le statut KRAS. Pour les KRAS non muté (KRAS -), l’objectif était de préciser les caractéristiques de cette population, identifier les anomalies moléculaires, et analyser le profil transcriptomique.

Résultat

9,4 % des AcP de la cohorte étaient non mutés KRAS (équivalent entre réséqués et métastatiques). Sur le plan pronostic, les pièces opératoires des (KRAS -) présentaient moins de facteurs péjoratifs locaux, mais aucune différence n'était retrouvée en survie globale ou sans progression. Sur le plan moléculaire, 107 autres mutations ont été retrouvées, et les séquençages complémentaires ont montré 8 gènes de fusion, et une surreprésentation des gènes de recombinaisons. Mais seulement 9% des patients des patients (KRAS -), soit 0,8% des AcP de la cohorte, présentaient un driver ciblable.

Conclusion

Cette cohorte confirme que les AcP non mutés KRAS forme une entité distincte avec une hétérogénéité moléculaire potentiellement ciblable, dont l'impact thérapeutique est pour l'instant limité. Encore non systématisée, la recherche de KRAS au diagnostic doit devenir réflexe, et la recherche génomique poussée en seconde intention une règle.

Antoine ALBUCHER, Toulouse