Lésions de bas grade de l’anus : peut-on espacer la surveillance ?
Position du problème
Les lésions de bas grade de l'anus sont à risque de progresser en carcinome épidermoïde. Leur prévalence est extrêmement importante dans des populations ciblées : HSH infectés par le VIH, femmes transplantées d'organes et aux antécédents de dysplasie ou de cancer vulvaire. La surveillance de ces lésions est faite par cytologie annuelle, mais cette conduite à tenir n'est pas consensuelle. Quels patients sont plus à risque de progresser en haut grade et cancer et en combien de temps ?
Méthode
Il s'agit d'une étude monocentrique observationnelle prospective sur 10 ans, incluant des patients avec lésions de bas grade (LSIL) en cytologie. Les patients étaient suivis de façon annuelle par frottis avec cytologie et virologie. En cas de lésion macroscopique ou d'anomalie du frottis, ils avaient une anuscopie haute résolution pour histologie à la recherche de dysplasie de haut grade. L'objectif principal était la quantification du risque d'évolution vers la dysplasie de haut grade (HSIL).
Résultat
La cohorte de 195 patients était majoritairement constitué d'homme HSH infecté par le VIH. A l'inclusion déja,10% des patients ont des lésions histologiques de haut grade avec une augmentation progressive de la fréquence au cours du temps (33% à 3 ans). Ce risque était plus important chez les sujets porteurs d'HPV 16. Chez les patients sans HSIL histologique durant la 1ère année et porteur d'HPV 16, le risque apparaît à partir de 24 mois de suivi et si l'HPV 16 est négatif à partir de 48 mois. Pour un quart de la cohorte, les lésions de bas grade ont régressé spontanément.
Conclusion
En cas de LSIL cytologique, le risque de développer une HSIL histologique est de 33% à 3 ans. En l'absence d'HPV 16, et d'absence de HSIL durant la première année les auteurs proposent un espacement de la surveillance. Le remboursement de ces tests permettrait d'améliorer le dépistage d'un cancer dont la fréquence dans ces populations ciblées est plus elévée que celle du cancer colorectal !
Noémie Marchal, Montpellier