L’irrigation colique transanale : traitement utile des troubles digestifs liés au spina bifida

Position du problème

Les patients atteints de spina bifida présentent fréquemment des symptômes de constipation et d'incontinence fécale, sévères et souvent réfractaires aux traitements conventionnels. Les irrigations coliques rétrogrades (ICR) ont une place déjà bien codifiée dans d'autres pathologies avec altération du système nerveux et répercussions digestives. Cette étude avait pour objectif d'évaluer l'efficacité des ICR dans les troubles digestifs associés au spina bifida.

Méthode

Il s’agit d’une étude prospective, contrôlée, randomisée (deux bras : ICR + traitement conventionnel (TC) ou TC seul), multicentrique, menée en ITT. Le critère de jugement principal (CJP) était défini par une diminution ≥ 4 du score fonctionnel digestif des malades neurologiques (NBD) à 10 semaines par rapport à l’inclusion. Les analyses secondaires comprenaient la comparaison entre S0 et S10 des questionnaires de qualité de vie, de symptômes, de satisfaction et d'acceptabilité du traitement.

Résultat

Au total, 34 patients ont été randomisés : 18 patients dans le groupe ICR + TC et 16 dans le groupe TC. Le CJP était atteint pour 76% dans le groupe ICR + TC, contre 43% dans le groupe TC (p=0,056). Les patients du groupe ICR + TC avaient 7 fois plus de chances de s'améliorer que ceux du groupe TC (OR= 6,99 [1,18-41,25]) ajusté pour la valeur NBD à l'inclusion. Les patients ICR + TC présentaient une amélioration de leur qualité de vie (p=0,005), une satisfaction vis-à-vis du traitement (p=0,003) et trouvaient plus souvent le traitement acceptable (p=0,03) par rapport aux patients TC seul.

Conclusion

Cette étude contrôlée randomisée multicentrique suggère un bénéfice de l'utilisation d'irrigations coliques rétrogrades chez des patients atteints de spina bifida avec symptômes digestifs réfractaires aux traitement conventionnels. Ces résultats quoique non statistiquement significatifs sur le CJP et à confirmer dans d'autres études, peuvent déjà nous inciter à modifier les pratiques, devant l'amélioration de la qualité de vie nette et une acceptabilité s'avérant excellente.

Marie de Matharel, Nice