Mieux vaut le comprimé que l’injection dans le canal anal ! Capécitabine vs 5FU IV dans la radiochimiothérapie standard

Position du problème

Depuis les années 1970, la radiochimiothérapie (RCT) est le traitement de référence du carcinome épidermoïde du canal anal localement avancé. Elle est actuellement composée de radiothérapie + 5-FU IV + mitomycine C (MMC). Des études récentes proposent d'utiliser la capécitabine, précurseur per os du 5FU, devant des possible bénéfices multiples

Méthode

Une étude observationnelle multicentrique a été menée grâce aux données de la cohorte FFCD Anabase. Il a été comparé 542 patients traités par RCT entre 2015 et 2020 dont 404 par RT - 5 FU IV - MMC contre 138 par RT - capécitabine - MMC. L'objectif principal était la Survie Sans Récidive à 3 ans (SSR), les secondaires la survie globale, la survie spécifique, la survie sans colostomie, le taux de contrôle tumoral et la toxicité.

Résultat

Il n'a pas été observé de différence pour la SSR à 3 ans, avec 76.6% dans le groupe RCT avec capécitabine (IC 95 %, 67%-83.8 %) contre 76.8% pour le groupe RCT avec 5-FU IV (IC 95%, 71.9-81 %). La survie globale, spécifique ou sans colostomie et le contrôle tumoral étaient aussi identiques dans les 2 groupes. Il y avait moins de toxicité aigue de grade III ou supérieur dans le groupe capécitabine (46,8% vs 35,5%, p = 0,02) notamment digestive, et moins d'interruption de la radiothérapie.

Conclusion

La capécitabine apparait aussi efficace que le 5 FU IV dans la RCT du cancer du canal anal. Elle apporte une diminution de toxicité et probablement plus de confort de vie (pas de chambre implantable, moins d'injections et de séjours d'hospitalisation). Elle devrait, dans la limite du caractère observationnel de cette étude, être recommandée à la place du 5 FU IV dans cette indication.

Yesso Agoua, Reims