NAFLD: attention aux polluants persistants !
Position du problème
Les substances perfluoro-alkylées (PFAS) sont des substances chimiques synthétiques utilisées dans la vie quotidienne (emballages alimentaires, imperméabilisants), caractérisées par la présence d'une liaison chimique carbone-fluor à demi-vie longue, persistant dans l'environnement et résistant à la chaleur. Les études expérimentales suggèrent un rôle pathogène des PFAS dans la NAFLD. L'objectif de l'étude est de rechercher une association entre concentration sérique de PFAS et sévérité de NAFLD.
Méthode
100 patients avec différents stades de NAFLD prouvée histologiquement ont été inclus. Les lésions histologiques ont été évaluées selon la classification NASH-CRN: stéatose, ballonisation hépatocytaire, inflammation lobulaire et portale, fibrose. La NASH était définie comme la présence d'au moins 1 point de stéatose, inflammation lobulaire et ballonisation hépatocytaire. La fibrose significative était définie par >= F2. La concentration sérique de 17 PFAS a été mesurée sur sérum conservé à -80°C.
Résultat
Les caractéristiques histologiques des patients étaient: 25 stéatoses simples, 25 sans fibrose significative (<=F1), 33 avec fibrose significative, 17 avec cirrhose NASH. L'âge médian était de 60 ans, 61% d'hommes, 46% de diabétiques type 2 et un BMI médian à 32 kg/m2. La stéatose était significativement associée à la longueur de la chaîne carbone (p=0.007), sans relation dose-effet. 9 polluants étaient retrouvés chez plus de 50% des patients, dont l'acide perfluoro-heptanoïque, à chaîne carbone courte, significativement associé à la stéatose grade 3 (p=0.004), avec relation dose-effet.
Conclusion
L'étude ne retrouve pas d'association significative entre la concentration sérique de PFAS et la sévérité de la NAFLD. En revanche, une association est retrouvée entre la stéatose hépatique de grade 3 et l'acide perfluoro-heptanoïque (PFHpA), polluant persistant récent et peu étudié. De futures études prospectives de plus grand effectif semblent nécessaires pour évaluer l'impact à long terme du PFHpA sur la santé publique.
Lina Hountondji, Montpellier