Préservation du rectum dans les cancers précoces, un idéal possible

Position du problème

La prise en charge des cancers du bas et moyen rectum comprends une chimiothérapie / radio-chimiothérapie associée à une chirurgie au prix parfois d'un préjudice fonctionnel et d'un sacrifice du rectum. L'essai OPERA étudie l'utilisation du boost de radiothérapie de contact comparé à un boost de radiothérapie externe pour augmenter le taux de préservation du rectum.

Méthode

Cet essai inclus les patients atteints d'un cancer du moyen et bas rectum cT2-T3a/b de moins de 5cm de diamètre, <50% de circonférence et N0-N1. Les patients étaient randomisés pour l'utilisation du boost de contact contre un boost par radiothérapie externe. Tous les patients recevaient une radio-chimiothérapie par CAP 45 avant ou après le boost. En cas de réponse partielle, les patients étaient opérés par proctectomie radicale. Les patients répondeurs étaient eux en surveillance.

Résultat

141 patients ont été inclus de 2015 à 2020 avec une prédominance de cancer du bas rectum et de cancer T2. 39 proctectomies radicales et 27 exérèses locales ont été réalisées dans les deux groupes. Le taux de réponse complète et donc de préservation rectale à 4 ans dans le groupe avec le boost de contact est de 81%, vs 59% dans le groupe de patients traités par boost de radiothérapie externe. La fonction rectale était préservée dans les deux groupes en l'absence de chirurgie. Il est noté une prédominance de rectorragies dans le groupe boost de contact de grade 1-2 accessible à un traitement.

Conclusion

Cette étude nous conforte dans l'utilisation du boost de la radiothérapie externe mais nous pouvons également faire mieux avec un boost par contact. Malheureusement cette technique n'est pas accessible partout en France. La préservation du rectum est un enjeux majeur dans la qualité de vie de nos patients et l'utilisation du boost de contact est un bon outils à notre disposition au prix d'un risque mineur de toxicité facilement pris en charge.

Yann Debuc, BREST