Radiofréquence pancréatique : un nouveau standard pour les insulinomes ?
Position du problème
L'insulinome est une lésion tumorale pancréatique pouvant être responsable d'hypoglycémie sévère. Actuellement le gold standard du traitement de ces lésions est la chirurgie pancréatique, principalement par énucléation. La radiofréquence (RF) pancréatique est une alternative ayant montrée son efficacité (87% de réponse complète dans un travail rétrospectif précédent) et offre un profil de sécurité favorable avec une morbidité limitée.
Méthode
L'objectif principal de cette étude multicentrique internationale était la comparaison de la morbi/mortalité entre chirurgie et RF par l'analyse du taux de complication à 3 mois. Les objectifs secondaires étaient le taux d'efficacité, la durée d'hospitalisation et le taux de rechute. L'étude a été menée rétrospectivement dans 12 pays, dans une vingtaine de centre experts. Tous les patients traités par chirurgie ou RF entre 2014 et 2022 ont été inclus.
Résultat
304 patients ont été inclus, 111 traités par RF et 193 par chirurgie. Après appariement sur score de propension, 178 patients ont été analysé (89 par groupe). 17% de complication pour la RF (aucun grade 3) versus 62% dont 14% de grade 3 coté chirurgie. La pancréatite était la principale complication pour la RF (90% si localisation < 2mm du Wirsung). Aucune mortalité dans les 2 groupes. La durée d’hospitalisation était plus courte pour la RF (3.4 vs 11.1 jours). Pas de différence d'efficacité à 1 an pour la RF (95.5 vs 100%). 15 récidives pour la RF dont 11 retraités efficacement par RF.
Conclusion
La RF pancréatique des insulinomes est une alternative semblant aussi efficace et moins morbide que la chirurgie, avec la possibilité d’un retraitement en cas de récidive, ouvrant de nouvelles perspectives thérapeutiques pour ces patients. Toutefois la localisation, la taille et le grade des lésions à traiter doivent être évalués dans des études prospectives avant d'intégrer cette nouvelle approche dans l’algorithme thérapeutique.
Lucas Guillo