TNE pancréatiques de moins de 2 cm : la radiofréquence monte sur le ring

Position du problème

L’incidence des tumeurs neuroendocrines pancréatiques (TNEP) a doublé ces 20 dernières années. Pour les TNEP < 2 cm, la prise en charge reste débattue entre la surveillance et la chirurgie pancréatique, qui permet une prise en charge curative, mais au prix d’une morbimortalité et d’un taux de récidive non nuls. L'ablation endoscopique par radiofréquence écho-guidée (EUS-RFA) est une technique prometteuse, qui semble efficace avec une morbidité potentiellement moindre que la chirurgie.

Méthode

Etude rétrospective monocentrique menée entre 2018 et 2021 dans un centre tertiaire de référence, incluant des patients avec une TNEP <2cm, fonctionnelle ou non, traitée par EUS-RFA (à la puissance de 50W jusqu’au blanchiment de la lésion, avec 1 à 5 passages d’une aiguille de 19G via le système STARmed) et ayant un suivi minimum d’un an. Les critères de jugement étaient le taux de réponse complète, de réponse partielle (évalués par imagerie en coupe non métabolique) et le taux de complications.

Résultat

37 patients ont été analysés (54% de femmes, âge moyen 63,5 ans, 75% de lésions sporadiques, taille moyenne de la TNEP 14,6 mm, 80% de grade 1, 10% de fonctionnelles, 32% avec une composante kystique) avec une durée moyenne de suivi de 20,9 mois. 83,7% des patients ont présenté une réponse complète (72% dès la 1ère séance) et 16,2% une réponse partielle. Le taux de complications était de 43,2% (24% le 1er mois), dont 10,6% de grade 3 (3 collections post-EUS-RFA, 1 hémorragie digestive, 1 pancréatique aiguë, 1 plaie du canal pancréatique ayant nécessité chirurgie). La mortalité était nulle.

Conclusion

Ces résultats montrent une très bonne efficacité à court terme de l’EUS-RFA pour les TNEP <2cm mais non dénuée de morbidité. Une sélection rigoureuse des patients et une solide expertise technique sont nécessaires. Des données supplémentaires (évaluation du taux de réponse réel par imagerie métabolique, données prospectives, sur plus long terme) sont néanmoins requises. En cas d’échec de RFA à 1 an, la chirurgie doit impérativement être proposée pour limiter le risque d’évolution métastatique.

Johanna Pokossy Epee