Tous nos patients sous oxaliplatine ne sont pas des bodybuilders

Position du problème

L'oxaliplatine (OX) est essentielle pour le traitement adjuvant des patients opérés pour un cancer du colon de stade III mais à l'origine de toxicité notamment neurologique pouvant être invalidante. Il a déjà été montré qu'une dose d'OX de plus de 3,09 mg/kg de masse maigre (MM) était associée à une majoration de la neurotoxicité. Le but de cette étude était de déterminer si l'adaptation de la dose basée sur la MM permettait une réduction de la neurotoxicité.

Méthode

C'est un essai randomisé multicentrique de phase II incluant des patients éligibles à une chimiothérapie adjuvante pour un cancer du colon de stade III. Il y a 3 groupes de patients, un groupe sans diminution de la MM (G1) et deux groupes avec réduction de la MM où les patients étaient randomisés pour recevoir une dose adapté à la surface corporelle (G2) ou à la MM (G3). L'objectif était l'étude du % de patients sans neurotoxicité de grade ≥ 2 au cours des 6 premiers cycles de chimiothérapie.

Résultat

160 patients ont été inclus dans les 3 groupes. Il y avait 43,9% de patient sans neuropathie de grade ≥ 2 dans le groupe G2 vs 63,7% dans le groupe G3. Ces résultats sont statistiquement significatifs. Il est rapporté des neuropathies périphériques sensitives tous grades confondus de 29%, 49,9% et 28,6% pour les groupes G1, G2 et G3, respectivement.

Conclusion

Cette étude peut nous permettre une adaptation de dose chez ces patients en situation adjuvante avant le début de la chimiothérapie par OX. D'autant plus que le surpoids, l'obésité et potentiellement la réduction de MM sont en incidence croissante. L'approche personnalisée de la dose de chimiothérapie pourrait diminuer la toxicité. Des résultats complémentaires sont attendus concernant la survie globale et la neurtoxicité à long terme pour ces patients.

Yann Debuc, Brest