Coloscopie sous sédation dirigée par l’endoscopiste en France : est-ce possible ?

Position du problème

Contrairement à nos voisins suisse ou belge, la majorité des coloscopies en France sont réalisées sous anesthésie générale et sous la responsabilité d'un médecin anesthésiste-réanimateur. L'accroissement de l'inadéquation entre l'offre anesthésique et la demande d'endoscopie a amené les endoscopistes du CHU de Besançon à modifier leur pratique, notamment en supervisant l'administration de la sédation. Dans ce centre, quels sont les taux d'échec et les facteurs prédictifs d'échec des coloscopies sous sédation dirigée par le gastro-entérologue ?

Méthode

Il s'agissait d'une étude observationnelle, monocentrique et rétrospective. La sédation était réalisée par MIDAZOLAM IVD et/ou MEOPA inhalé. Les données médicales étaient recueillies sur le dossier médical informatisé mais aussi sur des questionnaires remis aux patients, aux endoscopistes et aux infirmières participant aux examens. L'échec de la coloscopie était défini par l'absence d'intubation caecale. Le propofol ne pouvait être utilisé car à usage exclusif des anesthésistes en France.

Résultat

217 coloscopies ont été incluses sur un an. 86,6% des sédations étaient sous midazolam, 7,2% sous MEOPA et 6,2% une association des deux. Le taux d'échec était de 19,9%. 79% des échecs étaient dus à la douleur du patient. L'âge jeune, le tabac, un IMC < 25 et un score de BOSTON < 7 étaient significativement associés à l’échec de la coloscopie. En analyse multivariée, seul l'âge et un score de BOSTON <7 étaient prédictif d'échec. 92,4% des patients étaient satisfaits de leurs examens. Des complications mineurs (bradycardie, désaturation ou hypotension) sont retrouvées dans 2,8% des cas mais n'ont nécessité aucune intervention spécifique.

Conclusion

La coloscopie sous sédation dirigée par l'endoscopiste avec un taux de succès de 80%, un bon profil de sécurité et une nette satisfaction des patients peut faire envisager cette pratique chez les gastro-entérologues français limités par l'offre d'anesthésie. La connaissance des facteurs d'échecs est indispensable afin de sélectionner les patients et d'augmenter les taux de succès de cette pratique. D'autres études sont nécessaires pour évaluer l'intérêt de cette pratique en coloscopie diagnostique ou thérapeutique et avec l'utilisation de nouvelles techniques comme la coloscopie en immersion.

Florian GROUSEZ, Bordeaux