CTCAE versus DILI-N et DILI-IEWG, qui remportera la coupe de la meilleure classification de la sévérité des hépatites aigues post inhibiteurs de checkpoint immunitaire ?
Position du problème
Les inhibiteurs de checkpoint immunitaires (ICI) ont révolutionné la prise en charge oncologique de nombreuses tumeurs. L'hépatite aigue représente un des principaux effets secondaires (CHILI). Sa sévérité est estimée par la classification CTCAE (basée sur le bilan hépatique) qui ne prend pas en compte la fonction hépatique, à l'inverse des classifications DILI-N et DILI-IEWG. L'intérêt de cette étude était de comparer ces trois classifications sur le risque de survenue d'une dysfonction hépatique induite par les ICI.
Méthode
Il s'agit d'une étude observationnelle, multicentrique ayant inclus tout patient adulte avec CHILI de grade CTCAE ≥2 présentés en RCP "ToxImmun" à Montpellier. Les CHILI ont été classées selon les classifications CTCAE, DILI-N et DILI-EWG en CHILI non sévère (grade 1-2) et sévère (grade 3-4). La survenue d'une dysfonction hépatique sévère était définie par une hyperbilirubinémie et INR ≥1,5.
Résultat
De décembre 2018 à septembre 2023, 114 patients ont été inclus dans l'étude. On retrouvait principalement des hommes (58%) avec un âge médian de 65 ans. Les cancers primitifs étaient l'adénocarcinome pulmonaire (33%) et le mélanome (32%). D'après les classifications, les hépatites aigues étaient de grade 3-4 dans 89% des cas selon CTCAE, de grade 1-2 dans 87% de cas selon DILI-N et 93,9% des cas selon DILI-IEWG. Les classifications DILI-N et DILI-IEWG avaient une meilleure performance pour prédire la dysfonction hépatique (AUC 0,988 et 0,944 respectivement).
Conclusion
La prédiction de la dysfonction hépatique au cours des CHILI par la classification CTCAE est moins performante que DILI-N et DILI-IEWG. Ces résultats doivent nous faire reconsidérer l'utilisation de la classification CTCAE comme estimateur de sévérité des CHILI afin d'adapter au mieux la prise en charge des patients sous inhibiteurs de checkpoint immunitaires.
Alexia GONZALEZ, Marseille