Enfin ! Des données très probantes pour la validation de l’auto-prélèvement anal dans le dépistage du cancer anal chez les patients à haut risque
Position du problème
Le dépistage du cancer anal a récemment été l'objet de recommandations françaises au vu de son incidence croissante. La détection d'HPV à risque par auto-prélèvement anal (APA) a été proposée pour une plus large couverture et compte tenu de ses nombreux avantages pratiques. A ce jour, malgré une faisabilité démontrée, l’absence de données comparatives limite grandement le validation de cette technique en vie réelle. Cette étude apporte donc des données d’intérêt majeur car elle compare pour la première fois l’APA au frottis anal conventionnel (FAC) dans une population à risque.
Méthode
L'étude a été menée à partir d'une cohorte togolaise incluant au total 200 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). La moitié des patients était infectée par le VIH. Après délivrance d'une information adaptée, chaque sujet effectuait un APA, suivi d'un examen proctologique avec frottis anal. Un formulaire d'évaluation de l'acceptabilité de l'APA était ensuite remis à chaque participant. L'analyse des prélèvements a été effectuée dans un CHU français, en ciblant 14 souches d'HPV à risque (HPV-HR). Une analyse comparative des deux techniques a été réalisée.
Résultat
L'étude révèle des résultats très prometteurs vis-à-vis de l'APA. Tout d'abord, concernant l'acceptabilité, 99 % des sujets trouvaient la réalisation de l'APA facile, 60% préféraient l'APA au FAC, et 20% n'avait pas de préférence entre les deux modalités de prélèvements. D'autre part, l'APA se distinguait par une meilleure cellularité et de meilleures performances en biologie moléculaire. Les 2 techniques présentaient une bonne corrélation pour la détection des HPV-HR (concordance=89,7%; et Kappa=0,66) mais la corrélation était encore meilleure pour la détection de l'HPV 16, principale souche à risque de cancer. La charge virale faible est associée à des résultats discordants.
Conclusion
Cette étude revêt une importance particulière compte tenu de son sujet et de ses résultats prometteurs. En effet, elle fournit les premières données comparatives permettant de soutenir une validation de l'APA dans le cadre du dépistage du cancer anal. Au delà des avantages pratiques de cette technique pour le médecin et le patient, les performances diagnostiques de l'APA semblent au minimum comparables à celles du frottis anal conventionnel, pour un coût de traitement équivalent, et une meilleure acceptabilité.
Philippe ONANA, Nice